Interview de Chang Yiu Chun

Voilà une interview, faite dans les années 70, de Chang Yiu Chun, élève et cousin de Yang Shao Hou. Cette interview et très intéressant, car elle nous montre la pratique du taijiquan au début du siècle, et qui remet en perspective l’aspect martial du taijiquan. Très intéressant.

Q. Depuis combien de temps pratiquez-vous le Tai ji quan ?
R- Depuis 1911

Q. Qui fut votre premier maitre et combien de temps l’a t-il été?
R. Ce fut Yang Shao hou petit-fils de Yang lu chan, le fondateur du style yang. Je suivis son enseignement de 1911 jusqu'a sa mort en 1936.

Q. De nombreux commentaires ont été faits au sujet de la nature parfois brutale des méthodes d'enseignement de Yang Shao hou.
R. Cela est vrai. Nous finissions très souvent nos entrainements avec du sang sur nos vêtements et de nombreuses contusions, de temps en temps aussi, des fractures. Yang n'avait pas beaucoup d'élèves.

Q. Quel est votre point de vue sur ce type d'entraînement?
R. C'était plutôt bon pour moi, car j'étais quelqu'un de très indiscipliné dans mon jeune âge. Je ne pensais qu'à me battre et avec Yang je n’étais pas déçu. Cela m'a appris que si je ne pratiquais pas correctement, la sanction serait une blessure. Finalement, la plupart d'entre nous étions appliqués ou alors il nous fallait quitter.

Q. La plupart des occidentaux désapprouveraient un style d'entraînement aussi brutal. Le style yang n'a en Occident, de nos jours, aucun caractère de brutalité?
R. Je ne sais pas ce qui se pratique on Occident, mais ce qui se pratique en Chine maintenant est une forme modifiée du Taiji Quan inventée par le frère de Yang Shao hou, Yang Cheng fu. Ce style a été totalement crée par Yang Cheng fu pour permettre aux personnes âgées et en mauvaise santé de pratiquer le Tai ji quan

Q. Vous êtes en train de me dire qu'il y a des types différents de Taiji quan?
R. Oui. Le Tai ji quan crée par Yang Lu chan n'est pas celui de Yang Cheng Fu.

Q. Quelles en sont les différences ?
R. Quand mon maitre pratiquait le Taiji quan, il avait coutume de dire que cela ressemblait pendant une fraction de seconde à un coup de canon, et au grand fleuve tranquille la seconde suivante. Il était très énergique. Le style de Yang Cheng fu est tout en lenteur sans explosion aucune.

Q. C'est la première fois que j'entends parler de cela et c'est effectivement extrêmement intéressant. Comment se fait-il que personne ne sache qu'il y a en fait deux types de Tai ji quan? Est-ce que Yang Cheng fu pratiquait le Tai ji quan originel?
R. Au tout début, bien avant Yang Cheng fu, le Taiji quan' n'était enseigné qu'aux membres de la famille et aux amis très proches, q u e l'on considérait comme faisant partie de la famille. Je suis un membre de la famille Yang, un second cousin de la famille de Yang Shao hou. Yang Cheng Fu fut le premier à divulguer son enseignement à l'extérieur et devint célèbre dans toute la Chine. C'est la raison pour laquelle on n'entend parler que de ce style. Oui, il est vrai que Yang Cheng Fu avait pratiqué le style de son grand-père avant 1915 environ, mais il en changea par la suite. Nombreux furent ceux qui le virent pratiquer le style originel et il l'enseigna même à quelques-uns. Cependant, Il inventa son propre, style et si complètement qu'au bout de quelques années, tous ses élèves oublièrent le style du départ.

Q. D'après ce que vous savez de lui, Yang Cheng fu était-il aussi bon combattant qu'on le dit aujourd'hui?
S. Oui, il était vraiment très bon. Il était très grand et très fort et pouvait être également très brutal dans ses entrainements. Mais il avait commencé par le style yang originel.

Q. Certains pratiquants d'autres styles de Taiji quan disent que le style Yang ne vaut rien en tant que seIf- défense. Qu'en est-il?
R. Si nous parlons du style de Yang Cheng fu, peut être faut-il alors plus longtemps pour le maitriser et peu nombreux sont ceux qui en ont le temps nécessaire. Mais le style de Yang Lu chan, lui, est excellent sur le plan de la self défense. Personne en dehors de la famille ne connaît ce style. C' est pourquoi tout le monde pense que le style Yang est sans intérêt.

Q. Alors quelle est la véritable valeur du style Yang originel?
R. ...C'est le meilleur.

Q. Pourquoi et comment est-il utilisé pour la self- défense?
R. Nous utilisons le Tai ji quan de deux façons. Je peux vous parler de la première car de nombreuses personnes la connaissent aujourd'hui. Nous utilisons les mouvements en nous écartant pour éviter l'adversaire et en portant notre propre attaque à ce moment précis. Nous bloquons les os, nous rompons des bras et les jambes. C'est le premier niveau du taijiquan. Je préfère ne pas parler de la seconde façon qui me semble trop meurtrière pour que j'y fasse illusion.

Q. Pourquoi?
P. Je suis désolé mais j'ai fait le serment de ne pas en parler.

Q. Est ce que le tui shou prend une place importante dans votre pratique?
R. Aujourd'hui Oui, même si à mes débuts ça ne l'était pas. Nous prêtions alors plus d'importance au combat mais au fur et à mesure de notre progression, nous avons utilisé les tuishou pour travailler sur l’équilibre et sur la théorie du yin et du yang.

Q. Qu'est ce que vous entendez par combat?
R. J'entends par là le sanshou. Mais il existe aujourd’hui, encore une fois, deux versions du Sanshou. La version de Yang Cheng Fu est plus soft, moins brutale alors que la version ancienne est, elle, très brutale.

Q. Brutale ? Pourquoi ?
R. Nous pratiquons le Sanshou de trois façons. La première sert à apprendre les mouvements d'attaque et de défense. La deuxième sert pour effectuer ces mouvements plus vite et avec beau coup plus de puissance et c'est là que l'on se faisait des contusions. La troisième consiste à tenter de se frapper les uns les autres pour de bon et de se déséquilibrer en effectuant les mouvements dans le désordre.

Q. Si Yang Lu chan était encore en vie, que dirait-il du Taiji quan ?
R. Il ne reconnaîtrait tout d'abord pas le nom parce qu'il n'existe que depuis une époque récente. Il ne reconnaîtrait pas non plus ce qui est enseigné en son nom sauf s'il s'agissait du style de Yang Shao hou, même si je reste persuadé que celui-ci aussi s'est transformé comme se transforme toute chose. Mais pas autant que le style de Yang Cheng Fu.

Q. Beaucoup d'occidentaux sont allés plus loin et on transformé le style de Yang Cheng fu lui-même. Même ici en Chine. Certains transforment les genres en essayant de mélanger les trois Styles (le début du style de Pékin en est l'illustration note de I'éditeur). Quel est donc le futur Taiji quan ?
R. Je ne veux rien dire de la façon dont notre gouvernement change les styles et je ne m'intéresse pas à ce qui se passe en Occident, mais, si leTaijiquan continue de changer et si personne ne se met à enseigner le style Yang originel, là ou il y avait une chèvre nous aurons maintenant un canard

Q. Vous pensez vraiment que le Taiji quan a changé à ce point depuis Yang Lu chan?
R. Oui, je regarde ce qui se passe en Chine et je vois partout des gens pratiquer le taiji quan mais, en fait, très peu d'entre eux pratiquent le vrai Taiji quan. Il faut beaucoup plus de temps et de persévérance pour atteindre un niveau acceptable.

Q. Il reste quand même vrai que ceux qui n'envisagent pas de pratiquer dans un but de compétition ou de combat peuvent se contenter de l'aspect santé.
R. Quelques uns pourront ainsi tirer des bénéfices mineurs sur le plan de leur santé, j'en conviens. Mais ces résultats ne sont rien, même sur le plan santé, comparés une pratique véritable.

Q. Vous avez entrepris l'étude du Taiji quan pour l'aspect santé ou pour le combat?
R. Quand nous avons commencé l'entrainement de Taiji quan, la plupart d'entre nous ne connaissait qu'un seul aspect de la pratique, celui du combat Pas un seul ne pouvait penser que ce grand art était bénéfique pou r la santé, jusqu'à ce que Yang Chen Fu popularisa sa version personnelle. En pratiquant le Wushu, nous améliorions notre santé automatiquement mais nous ne commencions jamais notre entrainement avec l' idée d' améliorer notre santé.

Q. Il est tout de même vrai que de nombreuses personnes doivent renforcer le corps avant de pratiquer l'art martial. Est-ce que. ce n'est pas ici que les formes lentes peuvent se montrer profitables ?
R. Ce que l'on a du mal à réaliser aujourd'hui, c’est que, quand j'étais en apprentissage et avant cela même, le Taiji quan n'était pratiquement pas connu car les familles principales, les Chen, les Wu et les Yang. Gardaient le secret pour elles-mêmes. Ce n'est qu'après que le Taiji quan ait été connu comme bénéfique pour la santé que les apprentis affluèrent. La plupart d'en nous étions déjà expert en d'autres arts martiaux. Je connaissais personnellement la Boxe du Tigre. À cause de cela et parce que nous devions travailler très dur beaucoup d'entre nous étions déjà assez robustes pour ne pas avoir à pratiquer les formes lentes, mais, même si nous avions voulu le faire de toute façon elles n'existaient pas encore'

Q. Par quoi avez-vous commencé votre entrainement quand vous avez, débuté avec Yang Shao hou?
R. Comme je l'ai déjà dit, j'étais expert un Boxe du Tigre et je me vantais beaucoup de mon habileté. Mais Yang Shao hou m'a vite enlevé mes illusions.

Q. En faisant quoi?
R. j'étais beaucoup plus jeune que lui et je me pensais fort comme un étalon, mais quand j'ai rejoint l'école de mon cousin je fus obligé de me mesurer à lui.

Q Il vous a fallu vous mesurer à Yang Shao hou?
R. Oui. Ce n'était plus mon cousin, mais un adversaire que je devais affronter.

Q Et alors?
R Je pensais pouvoir le surprendre par une technique que l'on appelait le Tigre est cerné et qui s'emploie quand on sent que toute retraite est coupée. Quand j'attaquai Yang, je pensai d'abord qu'il avait disparu mais j'ai réalisé par la suite qu'il s'était déplacé si vite en même temps que je me déplaçais moi-même, qu'il se trouva en face de moi avant que je puisse faire quoi que ce soit. Mes coups avaient été portés à une plus grande distance que Yang n'était en réalité, et je me retrouvai par terre, inconscient.

Q. Comment vous avait-il mis hors de combat?
R. Il avait utilisé une technique très avancée, une de celles dont je ne peux vous parler

Q. Vous étiez sérieusement blessé ?
R. Non, le contact violent avec le sol m'avait seulement laissé l'arrière train endolori. A part cela je ne sentais rien, du moins tout d'abord, mais un peu plus tard mon corps enfla légèrement là où il m'avait frappé.

Q. En fin de compte, il vous a enseigné ces techniques?
R. Oui, mais seulement après de longues années durant lesquelles il me fallut prouver que j'étais une personne honorable, malgré mon appartenance à la famille Yang.

Q. Qu'est ce que vous entendez par personne honorable?
R. Il Faut entendre par la que je n'emploierais pas ces techniques à l'extérieur pour faire de l'épate. Yang nous enseignait que si jamais il nous arrivait d'être provoqué, nous devions d'abord jouer les peureux et si cela ne marchait pas, nous devions agir assez vite pour que nos attaquants n'aient pas le temps de savoir quelle technique nous avions utilisée.

Q. Est-ce qu'il est arrivé que vous ayez à vous défendre certaines fois ?
R. À force d'entrainement je devins l'un des plus vieux élèves et la tâche m'incomba d'enseigner aux plus jeunes élèves. Quand je dis jeunes élèves, il faut savoir qu'il n''y en avait que trois à la fois, car l'enseignement était très brutal. Il nous arriva souvent de voir arriver des élèves d'autres écoles qui tournaient autour de la maison des Yang en se vantant de leur habileté. La consigne était de les ignorer. Je n'étais autorisé à les affronter que quand ils pénétraient à l'intérieur

Q. Quel en était le résultat?
R. Il y a bien longtemps que je ne me vante plus de quoi que ce soit. Ce que je puis dire c'est que je n'ai jamais vu un seul des étudiants de Yang se faire battre.

Q. Pas une seule fois ?
R. Il y a bien cette fois ou cette personne est venue à l'école, mais il était si différent et ne se vantait pas comme les autres. Il regardait à l'intérieur, s’arrêtait, sortait, rentrait à nouveau, et s'arrêtait encore une fois. Le manège dura quelque temps jusqu'à ce qu'on me demande de sortir et de l'inviter à entrer. Il s'appelait Chiang et c'était apparemment un expert Bagua Zhang. Ce n'est pas moi qui le combattit mais un autre des élèves. Le combat dura longtemps sans que personne ne l'emporte. A la fin, Yang arrêta le combat et félicita le jeune homme, puis il L'invita à attaquer. Cela prenait des allures sérieuses mais pour conclure le jeune homme resta sans bouger à attendre. Yang fit de même. Ils s'inclinèrent pour se saluer et le jeune homme .sortit.

Q. Pourquoi firent-ils cela?
R. Yang et Chiang savaient tout deux qu'ils connaissaient chacun quelque chose de particulier. Il n'y a pas d'attaque en Taiji ou en Bagua. On pourrait croire le contraire mais en fait on n'attaque que quand on est d'abord attaqué. C'est pourquoi Chiang n'attaquait pas et Yang non plus. Il n'y eut donc pas de combat. Nous fûmes tous désappointés mais nous prîmes une bonne leçon.

Q. Qu'arriva-t-il après la mort de Yang shao hou. Son style aurait dû disparaitre?
R. C'est vrai. Les quelques élèves parmi les plus anciens que nous formions décidèrent qu'il serait préférable de ne plus enseigner à tout le monde ce que nous savions. Nos routes se séparèrent et chacun d'entre nous choisit de n'enseigner qu'à quelques élèves sélectionnés.

Q. Combien d'élèves aviez-vous?
N. Je n'ai eu que sept élèves et eux, à leur tour n'en eurent que très peu.
La plus grande école du style Yang Shao hou s'installa à Taiwan sous l'égide de M. Cheng Pan ling. Mais je ne pense pas qu il ait dévoilé à beaucoup d'élèves les techniques internes du style.

Q. Est-ce que cette école existe toujours?
R. je pense que oui. Après la mort de Cheng en 1964, ses élèves prirent la suite, mais comme c'est le cas pour de nombreux grands maîtres la succession n'est jamais bien assuré.

Q. J'aimerais connaitre votre avis sur les autres styles de Tai ji quan.
R. Je ne connais que le style Wu et le style Cheng et je sais qu'il existe le style Sun. Je pense que le le style Wu est le plus proche du style Yang car il en découle

Q. Quelle ressemblance y-a-t-il entre. le style Yang et le style Chen?
R. Beaucoup savent que le style Yang est né du style Chen. C'est vrai en un sens, car Yang Luchan commença la pratique au Village de Chenjiagou (le village de la famille Chen dans le Henan) mais il faut se rappeler que Yang n'était pas satisfait du style des Chen. C' est pourquoi il transforma la technique pour créer le style Yang.

Q. Pourquoi apporta-t-il des changements au style Chen?
R. On dit que Yang découvrit un vieux grimoire traitant du Taiji quan originel. et qu'après l'avoir lu, il comprit que ce qui lui avait été enseigné avait quelque peu dévié. Ce grimoire parlait d'ailleurs de sujets interdits.

Yang Shao Hou


Yang Shao Hou (1862 – 1930)
Fils de Yang Jian Hou, Petits fils de Yang Lu Chan
Frère de Yang Cheng Fu.

Il apprit le taijiquan auprès de son père mais surtout avec son oncle Yang Ban Hou.
L’enseignement de Yang Ban Hou était sévère et brutale, ce qui influença énormément Yang Shao Hou qui était lui-même d’un tempérament tumultueux et très exigent envers ses quelques disciples. Il était réputé pour ne pas retenir ses coups lors des pratiques avec ses élèves. Aussi, il ne forma que peu de disciples.

Alors que son frère Yang Chen Fu, s’orienta vers une démarche de simplification de la forme, pour la rendre accessible au plus grand nombre, et ainsi mettre en avant l’aspect santé du taijiquan, Yang Shao Hou resta dans une optique martial "j'enseigne ce que j'ai appris", il enseigna pour former des combattants au travers la rudesse et l’exigence de son enseignement.

Bien qu’il eu peu de disciple il laissa son empreinte auprès de certain maître tels que Tung Ying Chieh, Tian Zhaolin, Wu tu man, qui bénéficièrent de son enseignement et ainsi d’une manière indirecte influença le taijiquan contemporain.
Néanmoins sa méthode d’entrainement serait encore d’actualité en chine au travers les quelques rares disciples qu’il forma.


Liu Xi Wen linéage de Yang Shao Hou


La forme de Yang Shao Hou semble plus petit, les mouvements sont moins amples et le pas plus petit. Elle alterne lenteur et rapidité ainsi que des fajing.

Les 10 principes du taijiquan

Yang chen fuMaître Yang Cheng Fu (1883-1936) est sûrement la figure la plus importante dans l’histoire pour le développement et l’accessibilité de l’art du Taijiquan. Fils du maître Yang jian Hou et petit fils du fondateur de l’école yang Maître Yang luchan. Il est à l'origine du taolu de 108 mouvements que nous connaissons actuellement. Cet enchainement est basé sur la forme ancienne que Yang cheng fu "simplifia" pour rendre accessible les bienfaits de la pratique de la forme au plus grand nombre, en retirant les techniques les plus exigeantes physiquement. Voici les principes du taijiquan selon yang chen fu.

1. Etre vide, agile et maintenir l’énergie au sommet de la tête : Relaxer complètement le corps, mais pas le déstructurer. Maintenir la tête droite sans raideur ni rigidité, comme suspendue par un fil. Relâcher les muscles du visage et coller la langue au palais. Garder le cou détendu, celui-ci doit être librement mobile et prêt à tourner dans toutes les directions. Concentration et conscience dans chaque mouvement.

2. Rentrer légèrement la poitrine et étirer le dos : Le sens de fondre la poitrine vers l'intérieur est d'empêcher l'air de monter vers le haut du corps en bombant le thorax ; cette montée de l'air vers le haut entraînerait une lourdeur et un étouffement, aussi la partie supérieure du corps deviendrait plus lourde que la partie inférieure et provoquerait une instabilité et un déracinement. Garder le dos tonique mais non rigide

3. Relâcher la taille: Relaxer la taille, la région lombaire étant le centre de commandement du mouvement et le centre de contrôle de l'énergie qui vient des pieds comme racines, passe par les jambes et s'épanouit dans les mains et les doigts. La taille est comme le moyeu d'une roue en mouvement, tout est piloté par la taille.

4. Distinguer le « plein » du « vide » : Bien distinguer l'alternance du vide et du plein. Dans le taiji, chaque attitude a un côté vide et un côté plein selon le principe du yin et du yang. Lorsque le poids du corps se porte sur la jambe droite, celle-ci devient pleine (yang) et en même temps la jambe gauche devient vide (yin). Le poids du corps ne se porte jamais sur les deux jambes en même temps, excepté à l'ouverture et la fermeture de la forme. Quand votre centre de gravité se porte sur une jambe, vous pouvez être souple, rapide et fluide, au contraire, avec le poids également réparti sur les deux jambes, vous devenez doublement lourd et stagnant. Pour éviter l'erreur de la double lourdeur, on doit connaître et bien maîtriser l'alternance du yin et du yang dans chaque mouvement.

5. Baisser les épaules et laisser tomber les coudes: Il est important de relâcher les épaules, si l'on hausse les épaules, l'air monte vers le haut, ce qui entrave le déroulement des mouvements. Laisser descendre les coudes. Si les coudes sont suspendus, les épaules seront tendues. Le but est de garder le souffle vers le bas. Ce relâchement ne signifie pas flottement, mais se manifeste dans la détente et il naît d'une intention de s'installer dans le bassin.

6. Employer la pensée créatrice et non la force musculaire : On utilise l'intention (yi) ou les idées et non la force. Là où l'idée arrive, le chi arrive. Les mouvements sont souples et sans violence. La pratique du taiji demande une relaxation totale du corps et l'abstention du moindre effort inutile et maladroit.

7. Relier le haut et le bas : Se suivre de haut en bas. Lorsqu'une partie du corps se meut, toutes les autres parties bougent. Si une partie s'arrête, les autres font de même. Le corps est un tout dont les éléments sont harmonieusement en relation. Les pieds sont les racines, l'énergie dont le contrôle réside dans les reins, passe par les jambes et s'épanouit dans les mains et les doigts. Dans les mouvements, tous les membres doivent être reliés les uns aux autres, et se mouvoir simultanément. Les bras et les jambes alternent et correspondent ; La main levée s'abaisse pendant que l'autre s'élève

8. Unir l’intérieur et l’extérieur : Chaque mouvement doit être réalisé avec une sérieuse attention. L'esprit joue un rôle essentiel dans l'exercice du taiji, il est le commandant et le corps le missionnaire. Si l'esprit est parfaitement concentré, les gestes du corps s'effectuent avec grâce et facilité et la posture ne dépassera pas le cadre du vide et du plein. L'intention guide et anime le corps tout entier. Quand l'esprit conduit le mouvement, c'est être entièrement présent.

9. Lier les mouvements sans interruption : Les mouvements doivent être enchaînés sans rupture. Le geste commence et se poursuit du début à la fin de l'enchaînement sans interruption. De plus, aucun geste n'est poussé à son point extrême. Ne pas allonger les pas ou les bras aussi loin que possible, de sorte que la fin d'un mouvement amorce le commencement du suivant. Les mouvements des bras sont généralement de forme spirale, commençant ou achevant un cercle, demi-cercle ou courbe, qui rappelle le symbole du yin et yang. Accomplir les mouvements comme on tire un fil de soie. Ils s'exprimeront sans rupture, sans discontinuité. Le corps se meut comme une rivière, sans cesse parcourue par le flot.

10. Rechercher le calme au sein du mouvement: Demeurer paisible dans le mouvement. Le cœur reste calme et vigilant, recueilli et concentré, rassemblé et éveillé comme un chat guettant une souris. Le corps demeure tranquille avec sérénité et confiance. Le souffle intérieur ou chi circule et s'exprime sans effort dans le mouvement en spirale, stable et continu.

les 8 trésors

Crée au 12ième siécle par le général Yue Fei (Héro de l'histoire de chine, et maitre dans différents style d'art martiaux), pour maintenir ses soldats en bonne santé, Connu aussi sous le nom des 8 pièces de Brocards (baduajin), cette méthode traditionnelle est devenue très populaire en chine.
Ce qigong alterne contraction et relâchement musculaire et favorise la bonne circulation du sang et de l'énergie tout en massant les organes internes. Il repose sur 8 exercices relativement simples exécutés de manière relaché avec une gestuelle en harmonie avec la respiration.


1 - Soulever le ciel régularise les 3 centres
2 - Viser l'aigle renforce la taille et les reins
3 - Repouser le ciel et la terre régularise la rate et l'estomac
4 - Balancer la tête et le fondement apaise le coeur (image V)
5 - Regarder en arrière eloigne les 5 maladies (image IV)
6 - Se pencher en avant renforce la taille et les reins (image VIII)
7 - Menacer des poings renforce l'energie des muscles et stimule le foie (image VII)
8 - Soulever les talons régularise les 6 grands méridiens (image VI).

Il y a differentes versions de cette série, en voilà une réalisé par un moine shaolin.Démontration des 8 trésors

Taijiquan style Chen

Les origines

Le style Chen aurait été crée par Chen Wangting (1600 - 1680), commandant des forces de garnisons du comté de Wen Xian au village de Chenjiagou (province du Henan en Chine).
Il est généralement reconnu que le taijiquan style chen est le grand frère de tous les autres styles (Yang, Wu, Hao, Li, ...). Yang Luchan, créateur du style Yang, apprit le taijiquan auprès de Chen Zhangxing, héritié de Chen Wangting.

La spécificité du Taijiquan style Chen porte sur l'exécution de mouvements fluides et circulaires permettant la transmission de la force interne et non la force physique dans ses différentes applications. Les mouvements d'enroulement et de déroulement en spirales caractérisent le style Chen, qui sont nettement plus marqué que dans le style Yang.

La pratique :

On distingue 2 enchainements traditionnels :

-Le Di yi lu (en 74 mouvements) :
Dans cet enchainement on distingue l’ancienne forme (lao jia) et la nouvelle forme (xin jia) crée par Chen Fake (contemporain .de Yan chen Fu)

-Le er lu paochui (poing canon) qui est une forme explosive, qui montre vraiment l’aspect martial du taijiquan.


enfant de 12 ans réalisant une magnifique prestation de taiji Chen


Il existe également de nombreuses formes de synthèse généralement conçues pour la compétition ou comme élément pédagogique (créés par certains maîtres contemporains comme Wang Xi'an, Chen Zheng Lei, Chen Xiao Wang…).

Tout comme dans les autres styles on retrouve la pratique des divers tuishous, la pratique des armes (épée, sabre, bâton, ...), ainsi que le sanshou.