Méditer pour quoi faire ?

Cela fait une bonne dizaine d'années que je pratique et à chaque retraire que je fais à un moment ou un autre j'ai toujours cette question qui me traverse l'esprit « Mais qu'est-ce que je fais là ? ».
Pourquoi je fais ça, je serais tellement mieux à dormir sous la couette, à quoi est-ce que ça sert ? Qu'est ce que cela m'apporte ?

Peut être à nous découvrir.
Dogen, Grand maître japonais qui importa le zen au Japon, dit « Le bouddhisme c'est s'étudier soit même. ». On dit aussi « Connais toi toi-même et tu connaîtras l'univers et les dieux. ».
Je pense que zazen peut nous permettre de prendre contact avec notre vraie nature. Mieux nous connaître. Nous voir et nous accepter tel que nous sommes au delà de notre jugement personnel.

Peut être à être vivant. Réellement vivant :
La vie existe uniquement dans le présent, dans l'instant. Le passé n'existe plus, le futur n'existe pas. Le passé et le futur ne sont que des concepts mentaux. Lorsque notre esprit se perd dans les souvenirs, les regrets, la nostalgie, ou dans des projets, les peurs et les angoisses, bref se perd dans les pensées tout simplement, nous ne sommes « qu'un être qui traine son cadavre derrière lui » comme le dit si bien Albert Camus dans l'étranger. Nous ne sommes pas présent à notre activité du moment, nous ne sommes pas dans notre corps, nous sommes en quelque sorte à « côté de nos pompes». Nous ne sommes pas réellement vivants. Grâce à la méditation, à l'effort d'attention à ce qui se passe dans l'instant, mais aussi présent dans notre activité quotidienne, petit à petit nous revenons naturellement au présent, nous reprenons contact avec la vie, nous sommes donc réellement vivants. Lorsque nous mangeons, nous mangeons, lorsque nous balayons, nous balayons. Nous sommes plus centrés avec toutes les conséquences positives que cela génère.

Peut être que c'est simplement cela l'éveil, être juste vivant :
On pense souvent que la méditation, dans le bouddhisme, permet d'atteindre l'éveil.
Dans la tradition Zen (et peut être dans les autres je pense), il n'y a pas de différence entre pratique et éveil. La pratique ne permet pas d'atteindre l'éveil mais la pratique est éveil. Peut être que l'éveil c'est simplement cela, être présent à la vie, faire ce que nous avons à faire dans l'instant. Etre éveillé c'est peut être simplement être vivant au milieu et avec toute l'activité de l'univers.

D’une manière générale la pratique de la méditation, apaise le mental, calme les émotions, permet de mieux se centrer, d'être plus présent à soi même et donc aux autres. Elle renforce la concentration, la persévérance, la patience. Par le travail d’étirement de la colonne elle peut soulager les problèmes de dos, ... bref comme toutes les pratiques qui recentrent l’être (Qigong, Yoga, Sophrologie, ...) la méditation peut apporter un mieux être.
Mais dans le zen on dit que l'on ne doit rien attendre de la pratique, que l'on doit pratiquer sans but ni esprit de profit. Dans un des textes fondateurs du courant zen, il est dit « Ne prenez parti ni pour ni contre. Arrêtez tous les mouvements de l'esprit conscient, Ne jugez pas des pensées et des perspectives. N'ayez aucun désir de devenir un Bouddha ». Même pour un moine bouddhiste on lui demande ne de pas chercher à atteindre l’éveil.
Même si au début nous pratiquons inévitablement pour récolter les fruits de notre pratique, c’est humain, mais à un moment il faut lâcher aussi cette idée de récolte, d’obtention de quelque chose, au risque d’être très déçu et d’abandonner cette pratique. La méditation n'apporte rien, elle nous fait plutôt perdre, lâcher prise, lâcher notre petit « je » pour faire apparaître notre véritable nature. C'est abandonner l'idée de devenir quelque chose pour être vraiment.
On doit simplement s'asseoir. C'est assez difficile d'imaginer une activité totalement dénuée de profit, ce n'est pas tellement dans l'esprit de notre société actuelle. Mais à force de pratiquer et de confiance dans cette activité on ne se pose plus trop la question. Le but devient « le faire », le but est le chemin, et on ne s'assoie plus pour, mais on s'assoie et pi c'est tout.