Zhan Zhuang et force instinctive

je me permet de reprendre un article du site de l'école Kung fu Binh Dinh, concernant le Yiquan, qui explique très bien l’intérêt de la posture statique pour la santé mais aussi pour les arts martiaux.

Zhan Zhuang
La pierre angulaire de la pratique du Yi Quan est le Zhan Zhuang (posture de l'arbre). Ce travail de postures est d'abord destiné à entraîner le corps, dans le but de le renforcer. Celles-ci sont toujours associées à une pensée (image mentale) et à une ou des " directions de mouvement ". Par la concentration sur une image mentale et sur ces petits mouvements que réalise le pratiquant, tout le corps se détend. A son tour, la décontraction de l'ensemble du corps entraîne la libre circulation de l'énergie vitale (Qi) à l'intérieur des méridiens. Tout le corps en bénéficie, et se trouve ainsi tonifié et renforcé.
Ensuite par ce travail mental, le cerveau commande aux faisceaux musculaires de l'ensemble du corps. Ceci entraîne un deuxième effet majeur : la qualité, la quantité et la vitesse d'information transmise par le cerveau aux muscles s'en trouvent augmentées. - Par cet entraînement, dans un premier temps, on sollicite donc des liaisons neuromusculaires " en veille " pour actionner plus de fibres dans une même action. Une ressente étude aux US a permis de mesurer que le simple fait de s'entraîner à " penser " que l'on contracte un muscle, permet d'augmenter sa force (voir " Sciences et vie " de Novembre 2004). Si l'on ajoute à cela un travail de prise de conscience de la position de son corps dans l'espace et de la mise en œuvre de chaînes musculaires particulières, le résultat est une augmentation de la force utilisable en combat. Le but final est d'obtenir une entière participation du corps ainsi " uni " dans le mouvement que ce soit pour une frappe, un blocage ou un déplacement.
Frapper avec son bras ou sa jambe est à la portée de n'importe quel combattant. En revanche, faire la même chose en utilisant la force de l'ensemble du corps est le fruit d'un long travail et d'un entraînement spécifique. - Dans un deuxième temps, le pratiquant réduit l'amplitude de ses " petits mouvements " jusqu'à atteindre une immobilité apparente et accélère la fréquence de ceux-ci. Cela aura pour effet d'augmenter la vitesse du flux d'information du cerveau vers les muscles, autrement dit, diminuer le temps entre le moment où l'on décide de faire un mouvement et celui de sa réalisation (meilleurs temps de réaction, augmentation de la vitesse). La décontraction y contribue également. D'où, une autre traduction poétique de Yi Quan : " L'art de faire instantanément ce que le cœur désire ". On opère ainsi concrètement la liaison tant recherchée dans toutes les pratiques martiales : l'union du corps et de l'esprit.

Force Instinctive et Yi
La pratique du Yi Quan développe donc ce que les Chinois appellent la "force instinctive". Cette force est différente de la force musculaire que chaque personne exprime naturellement. Il s'agit d'une force développée par la participation du corps entier au mouvement. Nous avons tous vécu ou entendu parler de situations de stress intense, de peur, de colère ou de peine qui conduisait à déployer une force hors du commun. De même, il faudra plusieurs personnes pour maîtriser un forcené en pleine crise de folie. La force déployée dans ces différents cas est exceptionnelle et provient d'un état émotionnel particulier qui va engendrer un état mental entraînant la participation de tout le corps dans l'action. C'est cette " force instinctive " refoulé par l'homme du fait de son évolution et des conventions sociales que le pratiquant de Yi Quan va s'efforcer à retrouver au travers de son entraînement, sans avoir besoin d'être dans un état émotionnel particulier. Cette force instinctive créée par la participation de tout le corps et guidée par la pensée, est la fameuse " énergie interne " tant évoquée dans les arts martiaux. Elle est toutefois différente de la force que l'on nomme Ying Qi Gong, celle qui permet par exemple, de se coucher sur des clous et se faire casser du granit sur le ventre, plier des barres de fer avec la gorge ou de casser des galets avec un doigt. La principale différence se situe dans le fait que la force instinctive, elle, est disponible à n'importe quel moment et sans concentration préalable.
Chaque personne, selon ses propres données morphologiques et mentales, développe sa propre force. A l'entraînement, l'accent est donc mis sur l'activité mentale, le Yi, qui guide la force. Tous les exercices s'appuient sur des images mentales. Par exemple: on visualise son propre corps comme si, plongé dans de l'eau ou dans de la boue, on se manière souple et décontracté. Ce mouvement permet à la personne d'imaginer et de créer la sensation de résistance de l'espace environnant sans toutefois générer de contraction dans le corps. Sans ce travail intense et permanent de la pensée, sans concentration, sans intention, la pratique des exercices de Yi Quan n'est qu'une gymnastique vide. On ne peut plus dès lors parler de véritable travail interne. Bien sûr, il n'y a pas que le travail mental. Il y a un travail physique très pointu sur les articulations, les tendons et les muscles. Ce travail développe la résistance, l'équilibre et l'efficacité de l'ensemble du corps, tout en le respectant. C'est cette approche spécifique de l'entraînement qui permet de pratiquer le Yi Quan et de progresser jusqu'à un âge avancé. Si on se base sur l'étude des gestes du corps (coups de pieds, de poings, etc.) et des déplacements, c'est à dire de la partie "visible", on peut parler de travail externe.