Tuishou des 4 portes


Le tuishou des 4 portes principales (peng, lu, ji, an) et l'un des tuishous de base le plus pratiqué dans l'école Yang.
Alors pour les éléves avec qui on vient de travailler ce tuishou depuis 3 séances voilà une petite video, pour faire vos révisions.

Au début de cette video vous pourrez voir différents tuishous.
Mais à partir de 1 minute 44, le tuishou des 4 portes est vu de manière détaillé.

Confucius a dit...


L'étre humain perd sa santé à gagner de l'argent
et perd son argent à se refaire une santé.
Il pense au futur, au point d'oublier le présent,
de sorte qu'il ne vit ni dans le présent ni dans le futur.
Finalement, il vit comme s'il n'allait jamais mourir
et il meurt comme s'il n'avait jamais vécu.


Confucius.

Yi jing, stabilité et qigong

Le Yi Jing (yì jīng 易经) n'est a priori pas un recueil de poèmes obscurs.
Le Yi Jing n'est surement pas un traité d'arts énergétiques internes.
Le Yi Jing n'est surtout pas un outil divinatoire hermétique à classer dans le rayon des dérives ésotériques.
Le Yi Jing est un guide stratégique, qui, par un lent processus de distilation des observations, processus propre au pragmatisme chinois, relate 64 situations types, qui se transforment en autant. Il décrit alors des moments devie, et nous conseille une attitude à tenir.

Chacune de ces situations est imagée à travers une mise en scène théatralisée, dont le décor est souvent lié aux légendes antiques chinoises, parfois à l'histoire de la dynastie des Zhou et la fin de celle des Shang, mais, par seulement 2 fois, ce fameux décor est le corps humain :
- l'héxagramme 31 (咸 xián, inciter) présente une situation où un mouvement est créé à partir de soliciations extérieures
- l'héxagramme 52 (艮 gèn, stabiliser) présente une situation où il faut mettre fin à l'agitation interieure pour rétablir son intégrité et ainsi, se préparer à agir

- L'héxagramme 52 (艮 gèn, stabiliser) est celui qui décrit une stratégie des plus compréhensible pour les pratiquants d'arts martiaux internes et de Qi Gong.

Texte du Yi Jing
de l'héxagramme 52
Commentaire

« stalibiliser le dos
sans saisir le corps
agir à la cour sans voir personne
absence de faute»


Il faut commencer par établir un calme intérieur, ne pas chercher à dominer la situation. Le dos est la partie du corps sur laquelle on s'appuie sans la voir, qui gouverne et structure l'ensemble de l'être humain. La cour, citée ici, est un rappel de la structure politique chinoise, caractérisée par sa stabilité. La cour est le centre invisible sur lequel repose le corps social.

« stabiliser les pieds
absence de faute
profitable de durablement tenir bon »


Il faut commencer par s'appuyer sur une base solide, les pieds. La première chose à faire est d'arrêter le mouvement, se poser là où l'on est et ne plus bouger. On dit que « tout commence par un temps Yin », donc un mouvement intérieur, statique. Le mouvement du Qi Gong commence avant l'expression extérieur (donc Yang) de celui-ci.

« stabiliser les mollets
pas de délivrance pour qui suit
le coeur n'est pas joyeux »


Il faut résister à la tendance de se laisser entrainer.
Il faut donc lutter contre la facilité, et le texte nous indique que c'est pas un moment des plus joyeux

« stabiliser la région lombaire
raidissement de la colonne vertébrale
danger le coeur suffoque »


Tenir fermement, se stabiliser, ne doit pas se faire en force, ne doit pas créer de tension, sans quoi le Qi ne circule plus correctement, et le coeur étouffe

« stabiliser le corps
absence de faute »


L'étape difficile est passée, cette fois c'est l'ensemble du corps qui est stabilisé.
« Absence de faute » fait écho où plus, haut, la posture était contrôlé et maitrisé. On a dépassé la tentation de mouvement et de se laisser emporter, on a également dépassé le risque de blocage par les tensions

« stabiliser les os maxillaires
les paroles sont ordonnées
tout regret disparaît »


Stabiliser ne concerne pas que l'intériorité. Une fois le corps calme, les paroles, moyen de communication vers l'extérieur, seront posées et sereines.

« magnifiquement stabiliser ouverture »

L'attitude de solidité et de stabilité est à son apogée, et n'implique pas rigeur et fermeté.
Tout est relié, calme, le corps et l'esprit sont en mouvement vers l'extérieur

« montagne réunies stabiliser »

L'héxagramme gèn peut se décomposer en 2 trigrammes « montagne »
Une double montagne est l'image même de la stabilité. Mais la montagne dans la pensée chinoise n'est pas une barrière ou une frontière où tout s'arrête, mais un lieu de transformation, un passage. La peinture traditionnelle chinoise démontre bien le caractère changeant des montagnes et de cette idée

« l'être accompli ainsi par la pensée
ne va pas au-delà de la situation »


«l'être accompli» est l'idéal, celui qui fait tout comme il faut, celui qui nous dicte une conduite noble (l'énervant diraient certains).
Cette dernière phrase, comme conclusion, pourrait être traduite par « de ce fait, songe à ne pas sortir de sa posture »


Pour résumer, « stabiliser » raconte une situation où il faut calmer le corps et le coeur, assurer sa posture et apaiser ses pensées. Il ne s'agit pas d'une immobilité rigide, mais un affermissement interne sans crispation, pour agir extérieurement sans dispersion.

Le Yi Jing, texte vieux de 3000 ans, est déjà imprégné de toute cette sagesse chinoise qui s'exprime à travers les arts comme le Qi Gong et le Taiji.


Merci à Sylvain pour cet article pertinant.