Stage 4,5,6 aout 2015 - Yoga, qigong, Méditation

Lieux
Abbaye Notre-Dame de Grâce
50260 Bricquebec

Tarif
250 € repas et hébergement inclus

Inscription et information
asolune@yahoo.com / 07.87.23.21.36
soufflewudang@gmail.com / 09.52.05.17.48

Intervenants
Véronique Enée :
Professeur de Yoga et Qigong
Sylvain Dupont :
Professeur de Qigong et art martiaux chinois

Relâchement et tuishou

Je me permet de reprendre un article de Maître Luchun trouver sur le site Centre Hunyuan France qui explique parfaitement le concept de relâchement et détente dans les arts martiaux chinois.

Relâchemenet et point d'impact en tuishou

Les pratiquants du Tuishou, poussée de mains, sont conscients de l’importance de ressentir le point d’impact, appelé 'Dian’ en chinois, chez le partenaire. Beaucoup de mes camarades s’appliquent dans cette recherche. Comme les conditions ne sont pas remplies, leur recherche reste souvent vaine.
Selon mon expérience, pour fixer exactement le point de contact, il est nécessaire de relever le niveau de relâchement, appelé ‘song’ en chinois, à travers les entraînements en Hunyuan Gong (travail interne) et en Quan (taolu ou la forme).

I.Le relâchement est la première condition pour capter le point d’impact

1.Relâcher rend le toucher sensible
Relâcher augmente la sensibilité tactile. Imaginons que nous fermons nos yeux et utilisons uniquement les mains au contact d’un objet. Si les mains sont relâchées, nous pourrons détecter la moindre déformation de la zone de contact. Les extrémités de l’influx nerveux pourront transmettre fidèlement les informations qui permettront au cerveau de bâtir un jugement adéquat sur l’objet en question.
Quand nous touchons les matières telles que la soie ou le velours, tout naturellement, nos mains sont souples et douces, et ne sont pas figées. Si nous gardons les mains et les doigts rigides, il est certain que nous passons à côté d’un détail et du petit changement au point de contact.

2.Relâcher aide à garder une pression et un frottement adéquats au point de contact.
Nous devons exercer une pression adéquate sur les doigts et la paume en contact avec le partenaire : avec une pression trop forte, nous serons incapables de capter les changements infimes chez le partenaire, par contre, ce sera lui qui va recevoir ces informations ; avec une pression trop légère, nous ne pourrons pas non plus diagnostiquer ce qui se passe en profondeur chez lui, et de plus, en le quittant, nous n’aurons pas toutes les informations concernant notre partenaire. Les caractéristiques de souplesse et de velouté de nos doigts et de nos mains ne seront mises en valeur que s’ils sont relâchés. Ils seront capables de détecter le changement chez le partenaire et apportent l’ajustement sur leur placement et sur leur pression. En utilisant les principes « Adhérer – Coller – Relier – Suivre », les doigts et les mains jouent leur rôle de sentinelle. Toutes les informations sur le centre de gravité, les forces internes et même les intentions du partenaire doivent être collectées en continu et véhiculées jusqu’au cerveau à travers ces éléments ‘guetteurs‘(les mains et les doigts).
Être relâché est la condition indispensable pour améliorer la capacité de perception, aussi appelée capacité ‘d’écoute’, ‘ting jing’ en Taiji quan. Si l’on n’est pas relâché, il sera impossible de bien capter les informations. Un expert en Tuishou peut faire l’expérience de garder exprès son corps tendu pendant le travail de poussée de main : il s’apercevra que son écoute deviendra moins bonne, baissant ainsi la qualité de son Tuishou.Bien entendu, le relâchement concerne tout le corps et ne s’arrête pas uniquement au niveau des membres supérieurs.


II. Critères pour jauger le travail de relâchement
Comment peut-on savoir si l’on est relâché ou non ? Sur ce sujet, les pratiquants restent souvent perplexes. En effet, le travail de relâchement n’est pas quantifiable. Mais, à un certain degré de relâchement, les différentes sensations vont apparaître. Et inversement, certaines sensations peuvent nous aider à améliorer notre travail de relâchement. Voici quelques-unes de ces perceptions concernant le relâchement que je veux partager avec le lecteur :

1.La sensation de bien-être.
Pendant l’entraînement de la forme ou le Tuishou, quand le relâchement atteint un bon degré, nous sentons un certain bien-être. Ce bien-être est différent du confort d’être reposé sur un sofa, différent de la sensation de détente lors d’une séance de thé ; il est aussi différent du contentement ressenti quand on admire un beau tableau ou devant un joli paysage. Cette sensation de bien-être n’apparait qu’après avoir éliminé les tensions accumulées et les durcissements musculaires. Elle va de l’intérieur vers l’extérieur, d’une manière globale.

2.La sensation de ’poids’
Pendant l’entraînement de la forme ou le Tuishou, quand le relâchement atteint un bon degré, nous sentons un certain ‘poids’. Ce poids peut être senti sur tout le corps. Dès la naissance, la force d’attraction terrestre n’a cessé d’agir sur nous. Etant né et vivant avec cette attraction terrestre, notre corps s’en est adapté et ignore son propre poids. Quand nous arrivons à bien nous relâcher, un supra état est engendré, les sensations physiologiques sont aiguisées à l’extrême. Ce qui permet de ressentir notre propre poids.

3.La sensation du calme
Pendant l’entraînement de la forme ou le Tuishou, quand le relâchement atteint un bon degré, une sensation de sérénité envahit la personne. A ce moment, nous sommes sensibles à toutes les activités environnantes. En entrant dans un calme profond, nous pouvons capter d’infimes mouvements tout autour, comme par exemple entendre la chute d’une aiguille de pin sur le sol. Or, quand nous sommes agités, nous ne pouvons pas entendre ce bruit si fin. C’est pourquoi, le degré de calme est aussi une jauge du travail de relâchement atteint.

4.La sensation de flux (flux sanguin et énergétique)
Pendant l’entraînement de la forme ou le Tuishou, quand le relâchement atteint un bon degré, une certaine sensation de fluidité transparaît. Quand on obtient une bonne détente musculaire et articulaire, l’obstruction sur la circulation sanguine et sur la fluidité énergétique est levée. Guidé par l’intention, les mouvements spiralés dynamisent tout le métabolisme fonctionnel. Par exemple, un patient atteint d’une hernie discale a ses muscles au niveau cervical bloqués provoquant une compression artérielle pour le côté du membre supérieur correspondant. Tout ce membre reste froid. C’est un exemple typique dû au non relâchement physique, engendrant une mauvaise circulation.

5.La sensation de la globalité.
Pendant l’entraînement de la forme ou le Tuishou, quand le relâchement atteint un bon degré, une certaine sensation d’unité transparaît : On dirait que tout le corps est constitué d’une multitude de petites balles et de grandes balles qui se relient entre elles. « Dès un élément bouge, tout se met à bouger ». Ainsi, la sensibilité d’un endroit est transmis au ‘cœur’, une force exercée à un endroit va être compensée par d’autre endroit du corps, d’une manière harmonieuse. En prenant l’image d’un arbre, un adage disait : « Une branche bouge, cent branches bougent ». Il illustre parfaitement ce ‘phénomène’. Toute tension musculaire diminue la qualité de transmission des signaux. Elle influence sur la bonne coordination de la motricité. Si l’arbre est fait d’acier, il n’y aura pas ce phénomène de : « Une branche bouge, cent branches bougent ».
A part la motricité et la transmission de l’information, il y a aussi l’unité entre l’externe et l’interne. Ceci nécessite un travail de ‘globalité’ important. Il n’est pas traité dans ce texte. L’unité entre l’externe et l’interne exige une étape de travail encore plus élevée ; ce n’est pas à ce niveau qu’on peut l’expérimenter.


III.Quelques observations

1.Eviter de généraliser
Etant donné que chaque personne est différente, on ne peut pas rechercher les mêmes ressentis que son voisin : on n’a pas toutes les sensations pareilles et ce n’est pas sûr que toutes les sensations nous arrivent simultanément ! Les ressentis similaires expriment tout simplement un certain degré de relâchement, mais ce degré est très différent selon les personnes.

2.Eviter de brûler les étapes
Le relâchement est quelque chose de naturel. C’est une indication de notre état physique et psychique. Dans la vie quotidienne, nous sommes sans cesse mis sous tension, aussi bien pour le corps que pour le mental. Ainsi, à travers de longs entrainements de la forme, du Tuishou, jusqu’aux exercices de Hunyuan Qigong, nous devons systématiquement faire ce travail de relâchement pour le rendre automatique. Cet automatisme ne s’installe que si le travail est atteint. Ce relâchement est différent que les notions de détente ou de mollesse, il est obtenu après de longs entraînements, c’est un état naturel supérieur. On dit souvent : ‘l’eau arrive quand la tuyauterie est prête’. On ne peut pas obtenir cet état naturel en brûlant les étapes ! Il faut se donner du temps pour s’entraîner au relâchement.

3.Eviter de s’entêter
Les quelques exemples cités ci-dessus montrent les traits caractéristiques de l’état de relâchement. Avec ces sensations, c’est le signe qu’on est sur de bonne voie concernant ce sujet et cela suffit. Il faut éviter de rechercher ces sensations à tout prix. Ces sensations t’indiquent que tu es relâché à un certain degré et c’est tout. Le chemin reste long. Il ne faut pas s’entêter dessus.

4.Essayer de doser
Toute chose a un cadre. Si le relâchement n’est pas suffisant, cela ne va pas marcher. Mais son excès ne marche pas non plus : ce n’est pas ‘plus c’est relâcher, mieux c’est’. En effet, si l’on en fait trop, cela devient ‘non tenu’. Par exemple, en Tuishou, la posture ‘relâchée’ correspond à l’état d’observation et d’action imminente.


IV.Résumé.
Lao zi disait : « L’eau s’approche du Dao, la ‘Voie’. Elle est ‘souple’ et coule vers le bas, mais elle peut tout, perce tout. Gouttes par gouttes, elle peut percer les roches. »
Ainsi, de l’extrême souplesse, on peut aboutir à l’extrême fermeté. L’extrême fermeté est née de l’extrême souplesse. La souplesse et le relâchement en Taiji quan sont obtenus grâce aux entraînements assidus et de longues durées. A travers des exercices souples, doux, en spirale, ronds, non figés et en coordination avec tout le corps, pour finir, on arrive à se concentrer et se relâche au point d’impact ciblé. Ce travail ciblé est le résultat de l’union entre l’intention, le Qi et la force.
En analysant les éléments sur le Relâcher song - Plongeant chen – Calme jing du corps et du résultat obtenu, on constate que les sensations comme paisible, serein, confortable et doux, stable et enraciné, léger et souple sont présentes. L’énergie suit l’intention pour circuler, le corps suit l’intention pour se déplacer. L’intention et le corps ne forme qu’un. Son corps vibre, son esprit tranquille, son souffle profond, une sensation de confort s’exprime par un bien-être, sans aucune pensée parasite. Les mouvements sont comme le courant d’un fleuve, en flux continu et imperturbable. En mouvement, tout le corps y participe, comme un lièvre dans sa course, impressionnant comme la montagne ‘Tai shan’ (Montagne sacrée, située à l’Est, dans la province Shandong) écrasant son adversaire. En revenant au calme, on ne peut y déposer une plume, un insecte ne sait pas où poser. Tout est uni et exprime « adhérer – coller – suivre – non heurter ».
Notre entraînement au quotidien inclut tous ces éléments : le calme et le relâchement, la rondeur et le non figé des mouvements, le naturel de l’exécution. C’est à travers notre entraînement du travail interne Gong, des expériences sur le terrain que nous pouvons prendre conscience du processus suivant : du calme au relâchement, du relâchement au point d’impact.
Ainsi, il faut d’abord accomplir le travail de relâchement, pour ensuite saisir la notion sur le point d’impact, la cible.
Ces lignes servent simplement l’envie de partager un peu mon point de vue.