Atelier Méditation


Essaye de garder ton esprit dans le présent. Quelle que soit la nature de ce qui surgit dans ton esprit, contente-toi de l'observer. Lâche-le. Ne nourris même pas le désir de te débarrasser des pensées. De cette façon, l'esprit atteindra son état naturel. (Ajahn Chah)


Méditation .
Au centre social Marcel Mersier à Saint lô.
- le mercredi 4 juin à 18h00 et 19h30
- Le jeudi 5 juin à 17h45.

Prévoir un cousin et tapis de sol.
possibilité de s'asseoir sur une chaise.

Entretien avec Ajahn Chah

Voilà quelques extraits d'entretien avec Ajahn Cha (1918-1992), Maitre de méditation Thaïlandais dans la tradition des moines de la forêt. Entretien complet à l'adresse suivante ajahnchah.org/francais/Questions.php

Q: Je fais de gros efforts dans ma pratique et, pourtant, c'est comme si je ne pouvais obtenir le moindre résultat satisfaisant.
R: Cela est très important. N'essaye pas de parvenir à quoi que ce soit dans ta pratique. Le désir même d'être libre ou d'être illuminé t'empêchera d'accéder à la liberté. Tu peux faire tous les efforts imaginables et pratiquer avec ferveur nuit et jour, mais si tu es motivé par le désir de parvenir à un résultat quelconque, tu ne trouveras jamais la paix. L'énergie provenant de ce désir sera cause de doutes et d'agitation mentale. Quel que soit le temps ou l'effort que tu consacres à ta pratique, jamais la sagesse ne naîtra du désir. Par conséquent, borne-toi à laisser aller les choses. Observe attentivement ton esprit et ton corps, mais n'essaye pas de parvenir à quoi que ce soit. Ne t'accroche même pas à la pratique de l'illumination.

Q: Est-il conseillé de lire beaucoup ou d'étudier les écritures pour la pratique?
R: Ce n'est pas dans les livres qu'on trouve le Dhamma du Bouddha. Si tu veux vraiment voir toi-même ce dont le Bouddha a parlé, tu n'as pas besoin de t'encombrer de livres. Borne-toi à observer ton esprit. Essaye de voir et de comprendre comment les sentiments naissent et disparaissent, comment les pensées naissent et disparaissent. Ce faisant, ne sois jamais attaché à quoi que ce soit. Il te suffit d'être attentif à tout ce qu'il y a à voir. C'est cela, la voie qui mène aux vérités du Bouddha. Sois naturel. Tout ce que tu fais dans la vie, ici, constitue une occasion de pratiquer. Tout cela est Dhamma. Lorsque tu effectues les travaux du ménage, essaye d'être attentif. Lorsque tu vides un crachoir ou que tu nettoies les toilettes, ne considère pas que tu fais cela pour rendre service à quelqu'un d'autre. Le Dhamma est présent dans l'activité même de vider un crachoir. Ne considère pas que les seules fois où tu pratiques, c'est quand tu es assis immobile, les jambes croisées. Quelques-uns parmi vous se sont plaints de ne pas disposer de suffisamment de temps pour méditer. A-t-on assez de temps pour respirer? C'est cela, votre méditation: attention et comportement naturel dans tout ce que vous faites.

Q: Que puis-je faire quand je suis tourmenté par le doute, par exemple, concernant ma pratique, mes propres progrès ou mon maître?
R: Douter est naturel. Chacun a des doutes lorsqu'il s'engage dans une nouvelle voie. Tu peux en avoir beaucoup. Ce qui importe, c'est qu tu ne t'identifies pas à tes doutes: autrement dit, ne te laisse pas enfermer dans tes doutes, car ton esprit ne ferait alors que tourner en rond interminablement. Au lieu de cela, observe tout le processus de la formation des doutes, des questions qu'on se pose à soi-même. Essaye de voir qui est celui qui doute. Observe comment les doutes naissent et disparaissent. De cette façon, tu ne seras plus leur proie. T'étant distancié de tes doutes, tu les verras de l'extérieur et ton esprit sera tranquille. Il te suffit de lâcher ce à quoi tu es attaché. Lâche tes doutes et borne-toi à observer. Ainsi tu te libéreras du doute.

Q: Et les autres méthodes de pratique ? Actuellement, il semble y avoir tant de maîtres et tant de systèmes de méditation différents qu'on ne s'y retrouve plus.
R: C'est la même chose que d'aller en ville. Vous pouvez vous en approcher par le nord, par le sud-est et par de nombreuses routes. Bien des fois, la différence entre les systèmes n'est qu'extérieure. Que vous suiviez telle ou telle voie, que vous avanciez rapidement ou lentement, si vous êtes attentifs, en fin de compte, c'est la même chose. Il y a un point essentiel auquel toute bonne pratique doit aboutir à la fin c'est le non-attachement. Pour tous les systèmes de méditation, le point final à atteindre est cette faculté de lâcher ce à quoi on est attaché. On ne peut pas non plus s'attacher à son maître. Si un système aboutit à la renonciation, au non-attachement, c'est qu'il s'agit de la pratique correcte.
Peut-être désirez-vous voyager, voir d'autres maîtres et essayer d'autres systèmes. Quelques-uns parmi vous l'ont déjà fait. C'est un désir parfaitement naturel. Mais vous finirez par découvrir qu'en posant un millier de questions et en essayant de nombreux systèmes, vous ne parviendrez pas à la vérité. Puis, un jour, vous en aurez assez. Vous verrez alors que ce n'est qu'en vous arrêtant et en examinant votre propre esprit que vous pouvez découvrir ce dont le Bouddha a parlé. Vous n'avez pas besoin d'aller chercher à l'extérieur de vous-même. Un jour ou l'autre, il vous faudra bien retourner et regarder en face votre propre nature véritable. C'est ici même que vous pouvez comprendre le Dhamma.

Q: Je me suis beaucoup efforcé de pratiquer la maîtrise des sens. J'ai toujours les yeux baissés et je suis attentif à mes moindres faits et gestes. Quand je mange, par exemple, je prends tout mon temps et j'essaye d'être conscient de tout ce qui en fait partie: mâcher, goûter, avaler, etc. Je franchis chaque étape très consciemment et soigneusement. Est-ce que je pratique correctement?
R: La maîtrise des sens est une pratique correcte. Il importe que nous y soyons attentifs durant toute la journée. Mais il ne faut pas non plus exagérer! Marche, mange et agis naturellement et, ce faisant, développe une attention naturelle à tout ce qui se passe à l'intérieur de toi. Ne fais pas de ta méditation quelque chose de forcé et ne t'oblige pas à t'adapter à des modèles où tu seras mal à l'aise. Ce n'est là qu'une autre forme de désir insatiable. Sois patient. Fais preuve d'autant de patience que d'endurance. Si tu agis naturellement et que tu es attentif, la sagesse viendra tout naturellement elle aussi.

Q: J'ai toujours énormément de pensées. Mon esprit erre beaucoup malgré tous mes efforts pour être attentif.
R: Ne t'inquiète pas pour cela. Essaye de garder ton esprit dans le présent. Quelle que soit la nature de ce qui surgit dans ton esprit, contente-toi de l'observer. Lâche-le. Ne nourris même pas le désir de te débarrasser des pensées. De cette façon, l'esprit atteindra son état naturel. Il n'y aura alors plus de distinction entre bon et mauvais, chaud et froid, rapide et lent. Plus de moi et toi - plus de moi du tout. Uniquement ce qu'il y a au moment présent. Lorsque tu quêtes ta nourriture, tu n'as pas besoin de faire quoi que ce soit de spécial. Contente-toi de marcher et de voir ce qui se présente à toi. Ne t'attache ni à l'isolement ni à la solitude. Où que tu sois, connais-toi toi-même en étant naturel et en observant. Si des doutes surgissent, regarde-les venir et disparaître. C'est très simple. Ne t'attache à rien.
C'est comme si tu descendais une route, te heurtant à toutes sortes d'obstacles. Si tu rencontres des impuretés de l'esprit, contente-toi de les voir et surmonte-les en les lâchant. Ne pense pas aux obstacles que tu as déjà croisés. Et ne t'inquiète pas au sujet de ceux que tu n'as pas encore vus. Reste dans le présent. Ne te fais pas de souci au sujet de la longueur de la route ou de la destination. Tout change constamment. Quelle que soit la nature de ce que tu rencontres, ne t'y attache pas. L'esprit finira par atteindre son équilibre naturel où la pratique s'effectue automatiquement. Toutes les choses naîtront et disparaîtront d'elles-mêmes.

Q: Pouvez-vous nous rappeler quelques-uns des points les plus importants de notre discussion?
R: Vous devez vous examiner. Essayez de savoir qui vous êtes. Apprenez à connaître votre corps et votre esprit en les observant. Que vous soyez assis, que vous donniez ou que vous mangiez, cherchez à connaître vos limites. Faites preuve de sagesse. La pratique ne consiste pas à essayer de parvenir à quoi que ce soit. Contentez-vous d'être attentifs à ce qui est. Toute notre méditation ne consiste qu'en l'observation directe de l'esprit. Vous verrez la douleur, sa cause et sa cessation. Mais vous devez vous armer de patience, de beaucoup de patience et d'endurance. Petit à petit, vous apprendrez. Le Bouddha a appris à ses disciples à rester avec leur maître pendant au moins cinq ans. Vous devez apprendre les vertus de la générosité, de la patience et de la dévotion.
Ne pratiquez pas d'une façon trop stricte. Ne soyez pas prisonniers de la forme extérieure. Et ne commettez pas l'erreur d'observer les autres. Contentez-vous d'être naturels et observez cela. Notre discipline et nos règles monastiques sont très importantes. Elles créent un environnement à la fois simple et harmonieux. Sachez vous en servir. Mais rappelez-vous que l'essence de la discipline monastique est l'observation de l'intention, l'examen de l'esprit. Vous devez avoir de la sagesse. Ne faites pas de distinction. Pourriez-vous vous fâcher contre un arbre de la forêt, parce qu'il est petit, et en aimer d'autres plus grands? C'est stupide. Ne jugez pas les autres. Toutes les variétés sont dans la nature. Pas besoin de s'exténuer à vouloir les transformer toutes.
Donc, soyez patients. Pratiquez la moralité. Vivez simplement et soyez naturels. Observez l'esprit. C'est cela, notre pratique. De cette façon, vous parviendrez à l'absence d'égoïsme. A la paix.