Yin et yang

Yin-yang Est un concept de la philosophie taoiste, et qui fait partie intégrante de la culture chinoise et est une des base primordial de l’énergétique chinoise. Yin et le Yang et la représentation de 2 forces opposées mais complémentaires. Selon les taoïstes, l’univers et vu comme un jeu ou s’opposent, s’influencent, s’interpénètrent ces 2 forces, qui créent la multiplicité des choses, les êtres, la manifestation du tao, « les vagues de la vie ».

L’aspect Yang représente le souffle dynamique, l’idée d’expansion, de chaleur de transformation.
L’aspect Ying représente le souffle passif, stable, unifié, l’idée de condensation.
Le Yang représente l’énergie et le yin la matière. Yang l’esprit, Yin le corps...
YangYin
CielTerre
EvaporationCondensation
Chaleurfroid
Mouvementstabilité
Printemps, étéautomne, Hiver
AscendantDescendant
ExterieurInterieur
......

Bien que Yin et Yang soient opposés ils sont totalement indissociables, ils ne peuvent exister l’un sans l’autre, de même que l’idée de chaleur n’existe pas sans l’expérience du froid, le recto sans le verso, l’ombre sans la lumière.

Il est donc possible de classifier tous les phénomènes en Yin ou en Yang, mais rien n’est absolument Yin ou complément Yang. La classification Yin Yang est totalement relatif. L’été à plus de tendance Yang que l’hiver. Mais l’été de Normandie sera plus Yin que l’été au Maroc !!!

TaijituL’expression du Yin et Yang prend tout son sens dans le changement. C’est deux forces en constantes oppositions mais totalement dépendantes l’une de l’autre passent progressivement par des phases de croissance et de décroissance dans des cycles naturels que vous pouvez constater tous les jours par vous-même. La nuit, laisse place à l’aube, l’aube à la journée, la journée au soir le soir au crépuscule..., le cycle d’une journée, des saisons, les réchauffements et les refroidissements. Quand un mouvement Yang, montant, arrive à son paroxysme il laisse la place à un mouvement Yin, descendant, et vice et versa. Quand le Yin croît, le Yang décroît, quand le Yang croît, le Yin décroît. Le Yin et le Yang s'équilibrent mutuellement. Et ce perpétuel mouvement d’équilibre et d’opposition génère et influence la vie de toute chose dans l’univers.

La vie humaine, comme toutes vies est la résultante de ce jeu Yin Yang.
La matière, l’essence, le corps est Yin l’esprit, la conscience est Yang. Ces 2 forces sont maintenues par le yang de l’air et l’énergie Yin des aliments. L’essence de l’air et de la nourriture est transformée en substance Yin (Liquide organique, sang), matière nourricière, permettant le développement et le maintien du corps. Et en substance Yang (Esprit, Qi) permettant le bon fonctionnement de la conscience, de l’activité viscérale, protectrice, motrice ...

L’activité des organes, la circulation du Qi se distille au travers tout un réseau de méridien, pour nourrir et protéger l’organisme. Les méridiens sont couplés par 2 un méridien Yin va de pair avec un méridien Yang. Ce qui détermine la classification d’un méridien dépend du viscère auquel il est lié et si son trajet et sur l’avant (Yin) ou l’arrière (yang) du corps.
Comme dans la nature l’activité du corps répond aussi au mouvement perpétuelle et cycle du yin et yang.
Ainsi, l’énergie protectrice Yang travail en surface au niveau de la peau le jour et retourne dans les profondeurs des organes la nuit ; l’énergie nourricière est plus mobilisé par les muscles et les sens le jour, et entretien les organes la nuit. Etc ...

Yin et Yang sont 2 forces opposées et interdépendantes qui s’équilibrent et s’harmonisent dans une alternance cyclique, parfaitement exprimé dans son symbole du taijitu

Taijiquan style Hao

Yang luchan rencontra Wu Yu-xiang (1812-1880), officié de province, au retour de Chenjiagu ou il apprit le Taijiquan de la famille Chen. Ce dernier resta s’entrainer avec Yang pendant quelques années, puis décida d’approfondir sa pratique auprès du maître de Yang Luchan, Chen Zhangxing. Ce dernier étant trop vieux, il l'envoya auprès de Chen Qing Ping au village de Zhaobao (taijiquan style Zhaobao). Wu Yu-xiang décida de rester à Zhao Bao pour suivre son enseignement.
Quel que temps plus tard, il découvrit par hasard l’œuvre de Wang Zhong-yue sur le Taijiquan et compris qu’il avait dans les mains un véritable trésor. Avec l’aide de son neveu Li Yi-yu ils décidèrent de mettre en pratique la théorie de Wang Zhong yue. Après 2 ans de pratique intensive Wu Yu-xiang créa son propre style. Le taijiquan style Wu était née (rien à voir avec le taijiquan Wu de Wu jianquan). Wu Yu-xiang transmis son savoir à ces 2 neveux Li Yi-yu et Qi-xuan ainsi qu’a Yang Banhou le fils de Yang Luchan.

Maitre Li Yi-yu (1832-1892) abandonna sa carrière dans l’administration impériale, pour se consacrer entièrement au taijiquan et n’hésita pas à tester son art sur de bons combattants.
Hao Wei-Zhen
Hao Wei-Zhen (1849-1920) fut l’héritier de Li Yi-yu. Il pratiqua pendant plus de 10 ans sans interruption, se qui lui value une réputation dans toute la chine. Son fils Hao Yue-ru(1877-1935) et son petit fils Hao Shao-ru (1907-1983) pratiquèrent le taijiquan très jeune et devinrent les héritiés du taijiquan style Wu/Hao.

Maitre Wu Yu-xiang et Li Yi-yu étaient des intellectuels qui pratiquaient pour eux et n’enseignaient pas facilement leur art. C’est à partir de Hao Wei-zhen que le Taiji Quan style Wu s’est vraiment répandu. Le fils et le petit-fils, Hao Yue-ru et Hao Shao-ru, écrivirent des œuvres sur le taiji qui furent un grand enrichissement pour le Taiji Quan classique. Grâce aux recherches et au travail de la famille Hao, le Taiji Quan style Wu pris le nom de style Hao dès la fin du 19 ième siècle.



On pourrait s’attendre à ce que le Taijiquan Style Wu/Hao soit une fusion du style Chen (appris par Yang Luchan) et du style Zhao Bao (qui ressemble beaucoup à style Chen). Mais non... il ressemble plus un du taiji Yang ou Wu contemporain.

Videos de Tuishous

Tuishou avec Liu Xi Wen



Tuishou avec Chen Xiaowang

le jeux des 5 animaux

Hua tuo né en 110 après JC, Médecin chirurgien chinois, ayant marqué l’histoire de la médecine en découvrant l’art de l’ouverture abdominale, la suture, certain remède anti inflammatoire. Son nom est aussi lié à des découvertes en obstétrique.
Dans l’univers du qigong Hua Tuo est connu comme étant le créateur du Wuqinxi « le jeu des cinq animaux », pour renforcer le corps et l’énergie vitale. Chaque animal étant lié à un des 5 éléments (Bois –tigre, Feu – Singe, Terre – Ours, Metal – Grue, Eau – Cerf/Serpent). Les styles de cette méthode sont innombrables mais se réfèrent tous à l'imitation de cinq animaux et à leur caractéristique en relation avec la loi des 5 éléments.

Le tigre
Le tigre c’est la puissance, la force tranquille, mais qui peut exploser à tout instant
"Quand il se meut, il engendre le vent et lorsqu’il feule, les montagnes retentissent et les vallées résonnent". "Il se meut comme une bourrasque et il est calme comme la lune".
Dur à l’extérieur, souple à l’intérieur, il peut passer rapidement d’un état de calme et de sérénité à un état de vivacité et de férocité ; alternance de détente et de contraction.
Son regard est éclatant, son esprit s’exprime dans ses yeux et sa puissance surgit dans ses griffes.

Cette force jaillissante et comme l’énergie du printemps qui émerge de son repos hivernale. Les exercices du tigre travail sur le foie, les reins et le cœur. Ils sollicitent aussi les muscles et les tendons au travers un travail de contraction et relâchement.

Le pratiquant de qi gong s'exercera à contenir cette "force tranquille" à l'intérieur qui s'exprimera ensuite dans un mouvement propulsif vers l'extérieur.

Le singe
Le singe symbolise la vivacité et l'inconstance, à l'image de son regard très mobile qui se porte rapidement d'un côté et de l'autre. Curieux et imprévisible, souple et léger, le singe est extrement agile.

Le singe est comme l’énergie de l’été, dynamique, joyeux et plein de vitalité. Les exercices du singe travaillent sur le cœur et améliore la circulation sanguine en privilégiant l’amplitude et la vitesse.

Le pratiquant fera sienne la souplesse, l'agilité et la vivacité du singe, utilisant ainsi ses membres, sa tête, ses yeux et tout son corps tout en restant serein à l'intérieur.


L'ours
Derrière son apparente lourdeur et sa démarche nonchalante, se cachent beaucoup d'habileté et de souplesse. L'ours est simple, stable, bien enraciné et peut devenir redoutable et terrifiant dans l'adversité.
"L'ours a la force de pousser les rochers et d'ébranler les arbres"
Massif et calme à l'extérieur, il est souple et mobile intérieurement; lorsqu'il se met à marcher, malgré sa lourdeur il s'affaisse tout en souplesse, il semble ne pas avoir d'ossature.

Le pratiquant doit exprimer la légèreté et la souplesse derrière la lourdeur et la stabilité. Chercher l'immobilité dans le mouvement.

L’ours, au travers sa stabilité son enracinement correspond à l’élément terre, à l’intersaison, au centre. Il emmener le qi vers le bas et se concentrer au Dan Tien. Les mouvements de l'ours renforcent la rate et l'estomac.


La grue
La grue une grande dame plein de classe et d’élégance, son vole est grâcieux.
La grue est calme à apaisante comme l’énergie de l’automne après l’euphorie de l’été.
Le pratiquant s'efforcera d'intégrer cette noblesse naturelle, toujours conscient de son axe.

Les mouvements de grue renforcent les poumons, apaisent le cœur, en travaillant sur l'ouverture de la cage thoracique, sur la respiration, sur le relâché de chaque articulation des membres supérieurs pour stimuler les Poumons.

Le serpent
Le serpent est un animal fluide, bien qu’il n’ait pas de pattes il se déplace avec aisance et fluidité en utilisant les ondulations du corps. Il peut être extrêmement rapide lors d’attaque en utilisant la force des spirales de la colonne vertébrale.

Le pratiquant doit exprimer au travers ses gestes, son attitude, la fluidité et la force ondulatoire, spiralé de l’animal, et garder la noblesse du cobra.
Les mouvements du serpent étirent les muscles, renforce les jambes et le bassin, fortifie les reins.

Howard Choy

Née en Chine à la fin des années 40, il émigre en Australie très jeune, tout en restant en contact avec ses racines au travers les arts martiaux, le qigong et Fenshui.


Extrait de la forme courte, crée par lui même

Auprès de Maître Li lu-Ling de 1966 à 1986 il étudie le Taijiquan style Yang, Le Choy lee Fut (Art martial externe originaire de Shaolin) ainsi que le Lohang Qigong. A partir de 1979 il étudia ces 2 dernières disciplines auprès de Chen Yong-Fa.

Il approfondi le taijiquan style yang de 1976 à 1978 à Hong Kong auprès de Yang Sauchung, fils de Yang Chen fu.

Depuis 1993 il étudie le taijiquan style Chen auprès de Chen Xiaowang, descendant direct de la famille Chen.


Démonstration avec Fajing

J’ai eu l’occasion de faire plusieurs stages dirigé par Howard Choy à Rennes. Travail sur la structure et le respect de l’alignement naturel du corps pour diriger la force de l’adversaire vers le bas. Sur les Fajing, explosion de force, et approfondissement du tuishou. Je garde un très bon souvenir du personnage, toujours avec un grand sourire, sympathique et assez impressionnant. Vivement le prochain...

Howard Choy vie maintenant en allemagne et donne régulierement des stages en france particulierement à Paris, Rennes et Nantes. voir les dates sur le site de http://www.shou-yi.org/france

Ma petit bio-usine

A travers ce petit article je vais essayer d’expliquer de manière simple, sans rentrer dans les détails, le fonctionnement de l’énergétique chinois.

Imaginons le corps humain comme une usine, une « bio usine », qui possède son propre réacteur nucléaire pour produire son électricité.
Le « jing innée » serait notre stock d’uranium entreposé dans les reins. Cette quantité de bio-uranium nous a été fournie lors de notre conception. On ne peut pas en augmenter la quantité et sa qualité est différente d’une personne à l’autre...

Bref a partir de ce stock de bio-uranium nous créons de la bio électricité, du « Qi » qui est généré et stocké dans le Dantian inférieure (dans l’abdomen). Cette bioélectricité va circuler et énergétiser, dynamiser les différents ateliers (5 organes) de la bio-usine, le service de sécurité (le Qi défensif), la direction (le shen, l’esprit)... bref participer au bon fonctionnement de l’usine. Et pour que tout cela fonctionne bien il faut que cette bioélectricité puisse circuler harmonieusement dans les différents secteurs de l’usine à travers les méridiens.

Mais notre seul stock de bio-uranium ne suffira pas pour que notre usine fonctionne longtemps. Nous devons faire appel à l’essence d’autre source d’énergie, à des bio-prestataires externes. La nourriture et l’air nous fournissent la matière première de cette nouvelle source d’énergie. Notre bio-usine va s’occuper d’en extraire l’essence (le jing acquis) et le transformer en bioélectricité (Qi).
Si la matière première de nos bio-prestataires n’est pas de bonne qualité cela peut produire une bioélectricité de moyenne qualité, et donc peux affecter le bon fonctionnement de l’usine. (Comme vous le savez, une mauvaise alimentation et la pollution ce n’est pas bon pour l’organisme)

Pour que notre entreprise fonctionne correctement avec le potentiel énergétique qu’elle dispose il faut que son activité soit relativement équilibrée. trop excès ou trop de manque de travail peuvent perturber l’équilibre de notre bio-usine. Si un des ateliers (5 organes) consomme trop de bioélectricité c’est au détriment d’un autre. Mais nos différents ateliers on un système d’auto régularisation interdépendant (cycle d’engendrement et de contrôle des 5 éléments) qui leur permet de s’harmoniser les un les autres. Mais parfois c’est tellement le bordel que le système d’auto régularisation n’est plus assez efficace, ça bug... alors on prend un peut de repos, on va voir le toubib, l’acuponcteur, le psychologue, ... pour nous aider à ré harmoniser tout cela et à remettre la machine d’aplomb.

Les aléas de la vie économique, financière et sociale impactent le fonctionnement d’une entreprise; il en est de même pour notre « bio-usine », notre organisme est impacté aussi par son environnement (saison, émotion, nourriture, les autres...), parfois c’est à notre avantage, parfois c’est moins agréable. C’est la vie quoi !!

En fait l’énergétique de l’homme c’est un joyeux petit bordel d’interdépendance, dans un grand et joyeux bordel d’interdépendance...

Taijiquan style Wu

Wu Quanyou (1834-1902) était un disciple de Yang Luchan (Créateur du style Yang) mais surtout de son fils Yang Banhou (1837-1892), et garde du corps de la famille impériale.

Wu JianquanEtant issu d’une famille où l’art du combat était une tradition, Son Fils Wu Jianquan(1870-1942) reçu une éducation martiale très jeune.
Les familles Yang et Wu furent très liés, d’ailleurs on ne distinguait pas encore les 2 styles, Wu Jianquan s’entrainait souvent avec Yang Chen Fu et Yang Shao Hou. Tout comme Yang Chen Fu, Wu Jianquan modernisa son taijiquan pour le rendre accessible au plus grand nombre. Chacun à leur manière ils modifièrent le taijiquan de leur ancêtre et c’est à ce moment que le style Wu et Yang se distinguèrent.
Wu jianquan eu 2 fils Wu Gongyi(1900-1970), qui s’entrainait souvent avec Yang Shao Hou, Wu Gongzao et une fille Wu Ying Hua qui épousa Ma Yue Liang.

En 1935, il fonde l’Association de Jian Quan pour diffuser le style Wu. A la mort de Wu Jianquan, MA Yue Liang (1901-1980), son gendre, reprit la direction de l’association. Ce grand maître réputé dans toute la chine fut pour beaucoup dans l’expansion du taijiquan style Wu.



Dans cette forme relativement rapide, on reconnait dans certain aspect
la trame de la forme du style Yang


Le Taijiquan style Wu est issu du style Yang ancien tout comme le style yang actuel. Le style Wu est moins ample que le Yang, un peu plus compacte et le pas plus petit, mais répond aux mêmes principes essentiels de tout les styles de taijiquan.

Video Taolu 108

La forme (taolu) 108 du taijiquan style Yang a été codifié par Yang Chen Fu, son but essentiel et de transformer le corps, de travailler l'enracinement, le relachement et les principes fondamentaux du taijiquan. Chaque mouvement à une finalité martial. "Pratiquer la forme comme si il y avait quelqu'un en face de vous. Pratiquer le tuishou comme si il n'y avait personne". Voilà une video du déroulement complet de la forme traditionnel des 108 mouvements par Maître Yang Jun petit fils de Maître Yang Zhen Duo.

1er partie : La terre


2ième partie : L'homme


3ième partie : Le ciel


3ième partie : Le ciel (suite)

Interview de Chang Yiu Chun

Voilà une interview, faite dans les années 70, de Chang Yiu Chun, élève et cousin de Yang Shao Hou. Cette interview et très intéressant, car elle nous montre la pratique du taijiquan au début du siècle, et qui remet en perspective l’aspect martial du taijiquan. Très intéressant.

Q. Depuis combien de temps pratiquez-vous le Tai ji quan ?
R- Depuis 1911

Q. Qui fut votre premier maitre et combien de temps l’a t-il été?
R. Ce fut Yang Shao hou petit-fils de Yang lu chan, le fondateur du style yang. Je suivis son enseignement de 1911 jusqu'a sa mort en 1936.

Q. De nombreux commentaires ont été faits au sujet de la nature parfois brutale des méthodes d'enseignement de Yang Shao hou.
R. Cela est vrai. Nous finissions très souvent nos entrainements avec du sang sur nos vêtements et de nombreuses contusions, de temps en temps aussi, des fractures. Yang n'avait pas beaucoup d'élèves.

Q. Quel est votre point de vue sur ce type d'entraînement?
R. C'était plutôt bon pour moi, car j'étais quelqu'un de très indiscipliné dans mon jeune âge. Je ne pensais qu'à me battre et avec Yang je n’étais pas déçu. Cela m'a appris que si je ne pratiquais pas correctement, la sanction serait une blessure. Finalement, la plupart d'entre nous étions appliqués ou alors il nous fallait quitter.

Q. La plupart des occidentaux désapprouveraient un style d'entraînement aussi brutal. Le style yang n'a en Occident, de nos jours, aucun caractère de brutalité?
R. Je ne sais pas ce qui se pratique on Occident, mais ce qui se pratique en Chine maintenant est une forme modifiée du Taiji Quan inventée par le frère de Yang Shao hou, Yang Cheng fu. Ce style a été totalement crée par Yang Cheng fu pour permettre aux personnes âgées et en mauvaise santé de pratiquer le Tai ji quan

Q. Vous êtes en train de me dire qu'il y a des types différents de Taiji quan?
R. Oui. Le Tai ji quan crée par Yang Lu chan n'est pas celui de Yang Cheng Fu.

Q. Quelles en sont les différences ?
R. Quand mon maitre pratiquait le Taiji quan, il avait coutume de dire que cela ressemblait pendant une fraction de seconde à un coup de canon, et au grand fleuve tranquille la seconde suivante. Il était très énergique. Le style de Yang Cheng fu est tout en lenteur sans explosion aucune.

Q. C'est la première fois que j'entends parler de cela et c'est effectivement extrêmement intéressant. Comment se fait-il que personne ne sache qu'il y a en fait deux types de Tai ji quan? Est-ce que Yang Cheng fu pratiquait le Tai ji quan originel?
R. Au tout début, bien avant Yang Cheng fu, le Taiji quan' n'était enseigné qu'aux membres de la famille et aux amis très proches, q u e l'on considérait comme faisant partie de la famille. Je suis un membre de la famille Yang, un second cousin de la famille de Yang Shao hou. Yang Cheng Fu fut le premier à divulguer son enseignement à l'extérieur et devint célèbre dans toute la Chine. C'est la raison pour laquelle on n'entend parler que de ce style. Oui, il est vrai que Yang Cheng Fu avait pratiqué le style de son grand-père avant 1915 environ, mais il en changea par la suite. Nombreux furent ceux qui le virent pratiquer le style originel et il l'enseigna même à quelques-uns. Cependant, Il inventa son propre, style et si complètement qu'au bout de quelques années, tous ses élèves oublièrent le style du départ.

Q. D'après ce que vous savez de lui, Yang Cheng fu était-il aussi bon combattant qu'on le dit aujourd'hui?
S. Oui, il était vraiment très bon. Il était très grand et très fort et pouvait être également très brutal dans ses entrainements. Mais il avait commencé par le style yang originel.

Q. Certains pratiquants d'autres styles de Taiji quan disent que le style Yang ne vaut rien en tant que seIf- défense. Qu'en est-il?
R. Si nous parlons du style de Yang Cheng fu, peut être faut-il alors plus longtemps pour le maitriser et peu nombreux sont ceux qui en ont le temps nécessaire. Mais le style de Yang Lu chan, lui, est excellent sur le plan de la self défense. Personne en dehors de la famille ne connaît ce style. C' est pourquoi tout le monde pense que le style Yang est sans intérêt.

Q. Alors quelle est la véritable valeur du style Yang originel?
R. ...C'est le meilleur.

Q. Pourquoi et comment est-il utilisé pour la self- défense?
R. Nous utilisons le Tai ji quan de deux façons. Je peux vous parler de la première car de nombreuses personnes la connaissent aujourd'hui. Nous utilisons les mouvements en nous écartant pour éviter l'adversaire et en portant notre propre attaque à ce moment précis. Nous bloquons les os, nous rompons des bras et les jambes. C'est le premier niveau du taijiquan. Je préfère ne pas parler de la seconde façon qui me semble trop meurtrière pour que j'y fasse illusion.

Q. Pourquoi?
P. Je suis désolé mais j'ai fait le serment de ne pas en parler.

Q. Est ce que le tui shou prend une place importante dans votre pratique?
R. Aujourd'hui Oui, même si à mes débuts ça ne l'était pas. Nous prêtions alors plus d'importance au combat mais au fur et à mesure de notre progression, nous avons utilisé les tuishou pour travailler sur l’équilibre et sur la théorie du yin et du yang.

Q. Qu'est ce que vous entendez par combat?
R. J'entends par là le sanshou. Mais il existe aujourd’hui, encore une fois, deux versions du Sanshou. La version de Yang Cheng Fu est plus soft, moins brutale alors que la version ancienne est, elle, très brutale.

Q. Brutale ? Pourquoi ?
R. Nous pratiquons le Sanshou de trois façons. La première sert à apprendre les mouvements d'attaque et de défense. La deuxième sert pour effectuer ces mouvements plus vite et avec beau coup plus de puissance et c'est là que l'on se faisait des contusions. La troisième consiste à tenter de se frapper les uns les autres pour de bon et de se déséquilibrer en effectuant les mouvements dans le désordre.

Q. Si Yang Lu chan était encore en vie, que dirait-il du Taiji quan ?
R. Il ne reconnaîtrait tout d'abord pas le nom parce qu'il n'existe que depuis une époque récente. Il ne reconnaîtrait pas non plus ce qui est enseigné en son nom sauf s'il s'agissait du style de Yang Shao hou, même si je reste persuadé que celui-ci aussi s'est transformé comme se transforme toute chose. Mais pas autant que le style de Yang Cheng Fu.

Q. Beaucoup d'occidentaux sont allés plus loin et on transformé le style de Yang Cheng fu lui-même. Même ici en Chine. Certains transforment les genres en essayant de mélanger les trois Styles (le début du style de Pékin en est l'illustration note de I'éditeur). Quel est donc le futur Taiji quan ?
R. Je ne veux rien dire de la façon dont notre gouvernement change les styles et je ne m'intéresse pas à ce qui se passe en Occident, mais, si leTaijiquan continue de changer et si personne ne se met à enseigner le style Yang originel, là ou il y avait une chèvre nous aurons maintenant un canard

Q. Vous pensez vraiment que le Taiji quan a changé à ce point depuis Yang Lu chan?
R. Oui, je regarde ce qui se passe en Chine et je vois partout des gens pratiquer le taiji quan mais, en fait, très peu d'entre eux pratiquent le vrai Taiji quan. Il faut beaucoup plus de temps et de persévérance pour atteindre un niveau acceptable.

Q. Il reste quand même vrai que ceux qui n'envisagent pas de pratiquer dans un but de compétition ou de combat peuvent se contenter de l'aspect santé.
R. Quelques uns pourront ainsi tirer des bénéfices mineurs sur le plan de leur santé, j'en conviens. Mais ces résultats ne sont rien, même sur le plan santé, comparés une pratique véritable.

Q. Vous avez entrepris l'étude du Taiji quan pour l'aspect santé ou pour le combat?
R. Quand nous avons commencé l'entrainement de Taiji quan, la plupart d'entre nous ne connaissait qu'un seul aspect de la pratique, celui du combat Pas un seul ne pouvait penser que ce grand art était bénéfique pou r la santé, jusqu'à ce que Yang Chen Fu popularisa sa version personnelle. En pratiquant le Wushu, nous améliorions notre santé automatiquement mais nous ne commencions jamais notre entrainement avec l' idée d' améliorer notre santé.

Q. Il est tout de même vrai que de nombreuses personnes doivent renforcer le corps avant de pratiquer l'art martial. Est-ce que. ce n'est pas ici que les formes lentes peuvent se montrer profitables ?
R. Ce que l'on a du mal à réaliser aujourd'hui, c’est que, quand j'étais en apprentissage et avant cela même, le Taiji quan n'était pratiquement pas connu car les familles principales, les Chen, les Wu et les Yang. Gardaient le secret pour elles-mêmes. Ce n'est qu'après que le Taiji quan ait été connu comme bénéfique pour la santé que les apprentis affluèrent. La plupart d'en nous étions déjà expert en d'autres arts martiaux. Je connaissais personnellement la Boxe du Tigre. À cause de cela et parce que nous devions travailler très dur beaucoup d'entre nous étions déjà assez robustes pour ne pas avoir à pratiquer les formes lentes, mais, même si nous avions voulu le faire de toute façon elles n'existaient pas encore'

Q. Par quoi avez-vous commencé votre entrainement quand vous avez, débuté avec Yang Shao hou?
R. Comme je l'ai déjà dit, j'étais expert un Boxe du Tigre et je me vantais beaucoup de mon habileté. Mais Yang Shao hou m'a vite enlevé mes illusions.

Q. En faisant quoi?
R. j'étais beaucoup plus jeune que lui et je me pensais fort comme un étalon, mais quand j'ai rejoint l'école de mon cousin je fus obligé de me mesurer à lui.

Q Il vous a fallu vous mesurer à Yang Shao hou?
R. Oui. Ce n'était plus mon cousin, mais un adversaire que je devais affronter.

Q Et alors?
R Je pensais pouvoir le surprendre par une technique que l'on appelait le Tigre est cerné et qui s'emploie quand on sent que toute retraite est coupée. Quand j'attaquai Yang, je pensai d'abord qu'il avait disparu mais j'ai réalisé par la suite qu'il s'était déplacé si vite en même temps que je me déplaçais moi-même, qu'il se trouva en face de moi avant que je puisse faire quoi que ce soit. Mes coups avaient été portés à une plus grande distance que Yang n'était en réalité, et je me retrouvai par terre, inconscient.

Q. Comment vous avait-il mis hors de combat?
R. Il avait utilisé une technique très avancée, une de celles dont je ne peux vous parler

Q. Vous étiez sérieusement blessé ?
R. Non, le contact violent avec le sol m'avait seulement laissé l'arrière train endolori. A part cela je ne sentais rien, du moins tout d'abord, mais un peu plus tard mon corps enfla légèrement là où il m'avait frappé.

Q. En fin de compte, il vous a enseigné ces techniques?
R. Oui, mais seulement après de longues années durant lesquelles il me fallut prouver que j'étais une personne honorable, malgré mon appartenance à la famille Yang.

Q. Qu'est ce que vous entendez par personne honorable?
R. Il Faut entendre par la que je n'emploierais pas ces techniques à l'extérieur pour faire de l'épate. Yang nous enseignait que si jamais il nous arrivait d'être provoqué, nous devions d'abord jouer les peureux et si cela ne marchait pas, nous devions agir assez vite pour que nos attaquants n'aient pas le temps de savoir quelle technique nous avions utilisée.

Q. Est-ce qu'il est arrivé que vous ayez à vous défendre certaines fois ?
R. À force d'entrainement je devins l'un des plus vieux élèves et la tâche m'incomba d'enseigner aux plus jeunes élèves. Quand je dis jeunes élèves, il faut savoir qu'il n''y en avait que trois à la fois, car l'enseignement était très brutal. Il nous arriva souvent de voir arriver des élèves d'autres écoles qui tournaient autour de la maison des Yang en se vantant de leur habileté. La consigne était de les ignorer. Je n'étais autorisé à les affronter que quand ils pénétraient à l'intérieur

Q. Quel en était le résultat?
R. Il y a bien longtemps que je ne me vante plus de quoi que ce soit. Ce que je puis dire c'est que je n'ai jamais vu un seul des étudiants de Yang se faire battre.

Q. Pas une seule fois ?
R. Il y a bien cette fois ou cette personne est venue à l'école, mais il était si différent et ne se vantait pas comme les autres. Il regardait à l'intérieur, s’arrêtait, sortait, rentrait à nouveau, et s'arrêtait encore une fois. Le manège dura quelque temps jusqu'à ce qu'on me demande de sortir et de l'inviter à entrer. Il s'appelait Chiang et c'était apparemment un expert Bagua Zhang. Ce n'est pas moi qui le combattit mais un autre des élèves. Le combat dura longtemps sans que personne ne l'emporte. A la fin, Yang arrêta le combat et félicita le jeune homme, puis il L'invita à attaquer. Cela prenait des allures sérieuses mais pour conclure le jeune homme resta sans bouger à attendre. Yang fit de même. Ils s'inclinèrent pour se saluer et le jeune homme .sortit.

Q. Pourquoi firent-ils cela?
R. Yang et Chiang savaient tout deux qu'ils connaissaient chacun quelque chose de particulier. Il n'y a pas d'attaque en Taiji ou en Bagua. On pourrait croire le contraire mais en fait on n'attaque que quand on est d'abord attaqué. C'est pourquoi Chiang n'attaquait pas et Yang non plus. Il n'y eut donc pas de combat. Nous fûmes tous désappointés mais nous prîmes une bonne leçon.

Q. Qu'arriva-t-il après la mort de Yang shao hou. Son style aurait dû disparaitre?
R. C'est vrai. Les quelques élèves parmi les plus anciens que nous formions décidèrent qu'il serait préférable de ne plus enseigner à tout le monde ce que nous savions. Nos routes se séparèrent et chacun d'entre nous choisit de n'enseigner qu'à quelques élèves sélectionnés.

Q. Combien d'élèves aviez-vous?
N. Je n'ai eu que sept élèves et eux, à leur tour n'en eurent que très peu.
La plus grande école du style Yang Shao hou s'installa à Taiwan sous l'égide de M. Cheng Pan ling. Mais je ne pense pas qu il ait dévoilé à beaucoup d'élèves les techniques internes du style.

Q. Est-ce que cette école existe toujours?
R. je pense que oui. Après la mort de Cheng en 1964, ses élèves prirent la suite, mais comme c'est le cas pour de nombreux grands maîtres la succession n'est jamais bien assuré.

Q. J'aimerais connaitre votre avis sur les autres styles de Tai ji quan.
R. Je ne connais que le style Wu et le style Cheng et je sais qu'il existe le style Sun. Je pense que le le style Wu est le plus proche du style Yang car il en découle

Q. Quelle ressemblance y-a-t-il entre. le style Yang et le style Chen?
R. Beaucoup savent que le style Yang est né du style Chen. C'est vrai en un sens, car Yang Luchan commença la pratique au Village de Chenjiagou (le village de la famille Chen dans le Henan) mais il faut se rappeler que Yang n'était pas satisfait du style des Chen. C' est pourquoi il transforma la technique pour créer le style Yang.

Q. Pourquoi apporta-t-il des changements au style Chen?
R. On dit que Yang découvrit un vieux grimoire traitant du Taiji quan originel. et qu'après l'avoir lu, il comprit que ce qui lui avait été enseigné avait quelque peu dévié. Ce grimoire parlait d'ailleurs de sujets interdits.

Yang Shao Hou


Yang Shao Hou (1862 – 1930)
Fils de Yang Jian Hou, Petits fils de Yang Lu Chan
Frère de Yang Cheng Fu.

Il apprit le taijiquan auprès de son père mais surtout avec son oncle Yang Ban Hou.
L’enseignement de Yang Ban Hou était sévère et brutale, ce qui influença énormément Yang Shao Hou qui était lui-même d’un tempérament tumultueux et très exigent envers ses quelques disciples. Il était réputé pour ne pas retenir ses coups lors des pratiques avec ses élèves. Aussi, il ne forma que peu de disciples.

Alors que son frère Yang Chen Fu, s’orienta vers une démarche de simplification de la forme, pour la rendre accessible au plus grand nombre, et ainsi mettre en avant l’aspect santé du taijiquan, Yang Shao Hou resta dans une optique martial "j'enseigne ce que j'ai appris", il enseigna pour former des combattants au travers la rudesse et l’exigence de son enseignement.

Bien qu’il eu peu de disciple il laissa son empreinte auprès de certain maître tels que Tung Ying Chieh, Tian Zhaolin, Wu tu man, qui bénéficièrent de son enseignement et ainsi d’une manière indirecte influença le taijiquan contemporain.
Néanmoins sa méthode d’entrainement serait encore d’actualité en chine au travers les quelques rares disciples qu’il forma.


Liu Xi Wen linéage de Yang Shao Hou


La forme de Yang Shao Hou semble plus petit, les mouvements sont moins amples et le pas plus petit. Elle alterne lenteur et rapidité ainsi que des fajing.

Les 10 principes du taijiquan

Yang chen fuMaître Yang Cheng Fu (1883-1936) est sûrement la figure la plus importante dans l’histoire pour le développement et l’accessibilité de l’art du Taijiquan. Fils du maître Yang jian Hou et petit fils du fondateur de l’école yang Maître Yang luchan. Il est à l'origine du taolu de 108 mouvements que nous connaissons actuellement. Cet enchainement est basé sur la forme ancienne que Yang cheng fu "simplifia" pour rendre accessible les bienfaits de la pratique de la forme au plus grand nombre, en retirant les techniques les plus exigeantes physiquement. Voici les principes du taijiquan selon yang chen fu.

1. Etre vide, agile et maintenir l’énergie au sommet de la tête : Relaxer complètement le corps, mais pas le déstructurer. Maintenir la tête droite sans raideur ni rigidité, comme suspendue par un fil. Relâcher les muscles du visage et coller la langue au palais. Garder le cou détendu, celui-ci doit être librement mobile et prêt à tourner dans toutes les directions. Concentration et conscience dans chaque mouvement.

2. Rentrer légèrement la poitrine et étirer le dos : Le sens de fondre la poitrine vers l'intérieur est d'empêcher l'air de monter vers le haut du corps en bombant le thorax ; cette montée de l'air vers le haut entraînerait une lourdeur et un étouffement, aussi la partie supérieure du corps deviendrait plus lourde que la partie inférieure et provoquerait une instabilité et un déracinement. Garder le dos tonique mais non rigide

3. Relâcher la taille: Relaxer la taille, la région lombaire étant le centre de commandement du mouvement et le centre de contrôle de l'énergie qui vient des pieds comme racines, passe par les jambes et s'épanouit dans les mains et les doigts. La taille est comme le moyeu d'une roue en mouvement, tout est piloté par la taille.

4. Distinguer le « plein » du « vide » : Bien distinguer l'alternance du vide et du plein. Dans le taiji, chaque attitude a un côté vide et un côté plein selon le principe du yin et du yang. Lorsque le poids du corps se porte sur la jambe droite, celle-ci devient pleine (yang) et en même temps la jambe gauche devient vide (yin). Le poids du corps ne se porte jamais sur les deux jambes en même temps, excepté à l'ouverture et la fermeture de la forme. Quand votre centre de gravité se porte sur une jambe, vous pouvez être souple, rapide et fluide, au contraire, avec le poids également réparti sur les deux jambes, vous devenez doublement lourd et stagnant. Pour éviter l'erreur de la double lourdeur, on doit connaître et bien maîtriser l'alternance du yin et du yang dans chaque mouvement.

5. Baisser les épaules et laisser tomber les coudes: Il est important de relâcher les épaules, si l'on hausse les épaules, l'air monte vers le haut, ce qui entrave le déroulement des mouvements. Laisser descendre les coudes. Si les coudes sont suspendus, les épaules seront tendues. Le but est de garder le souffle vers le bas. Ce relâchement ne signifie pas flottement, mais se manifeste dans la détente et il naît d'une intention de s'installer dans le bassin.

6. Employer la pensée créatrice et non la force musculaire : On utilise l'intention (yi) ou les idées et non la force. Là où l'idée arrive, le chi arrive. Les mouvements sont souples et sans violence. La pratique du taiji demande une relaxation totale du corps et l'abstention du moindre effort inutile et maladroit.

7. Relier le haut et le bas : Se suivre de haut en bas. Lorsqu'une partie du corps se meut, toutes les autres parties bougent. Si une partie s'arrête, les autres font de même. Le corps est un tout dont les éléments sont harmonieusement en relation. Les pieds sont les racines, l'énergie dont le contrôle réside dans les reins, passe par les jambes et s'épanouit dans les mains et les doigts. Dans les mouvements, tous les membres doivent être reliés les uns aux autres, et se mouvoir simultanément. Les bras et les jambes alternent et correspondent ; La main levée s'abaisse pendant que l'autre s'élève

8. Unir l’intérieur et l’extérieur : Chaque mouvement doit être réalisé avec une sérieuse attention. L'esprit joue un rôle essentiel dans l'exercice du taiji, il est le commandant et le corps le missionnaire. Si l'esprit est parfaitement concentré, les gestes du corps s'effectuent avec grâce et facilité et la posture ne dépassera pas le cadre du vide et du plein. L'intention guide et anime le corps tout entier. Quand l'esprit conduit le mouvement, c'est être entièrement présent.

9. Lier les mouvements sans interruption : Les mouvements doivent être enchaînés sans rupture. Le geste commence et se poursuit du début à la fin de l'enchaînement sans interruption. De plus, aucun geste n'est poussé à son point extrême. Ne pas allonger les pas ou les bras aussi loin que possible, de sorte que la fin d'un mouvement amorce le commencement du suivant. Les mouvements des bras sont généralement de forme spirale, commençant ou achevant un cercle, demi-cercle ou courbe, qui rappelle le symbole du yin et yang. Accomplir les mouvements comme on tire un fil de soie. Ils s'exprimeront sans rupture, sans discontinuité. Le corps se meut comme une rivière, sans cesse parcourue par le flot.

10. Rechercher le calme au sein du mouvement: Demeurer paisible dans le mouvement. Le cœur reste calme et vigilant, recueilli et concentré, rassemblé et éveillé comme un chat guettant une souris. Le corps demeure tranquille avec sérénité et confiance. Le souffle intérieur ou chi circule et s'exprime sans effort dans le mouvement en spirale, stable et continu.

les 8 trésors

Crée au 12ième siécle par le général Yue Fei (Héro de l'histoire de chine, et maitre dans différents style d'art martiaux), pour maintenir ses soldats en bonne santé, Connu aussi sous le nom des 8 pièces de Brocards (baduajin), cette méthode traditionnelle est devenue très populaire en chine.
Ce qigong alterne contraction et relâchement musculaire et favorise la bonne circulation du sang et de l'énergie tout en massant les organes internes. Il repose sur 8 exercices relativement simples exécutés de manière relaché avec une gestuelle en harmonie avec la respiration.


1 - Soulever le ciel régularise les 3 centres
2 - Viser l'aigle renforce la taille et les reins
3 - Repouser le ciel et la terre régularise la rate et l'estomac
4 - Balancer la tête et le fondement apaise le coeur (image V)
5 - Regarder en arrière eloigne les 5 maladies (image IV)
6 - Se pencher en avant renforce la taille et les reins (image VIII)
7 - Menacer des poings renforce l'energie des muscles et stimule le foie (image VII)
8 - Soulever les talons régularise les 6 grands méridiens (image VI).

Il y a differentes versions de cette série, en voilà une réalisé par un moine shaolin.Démontration des 8 trésors

Taijiquan style Chen

Les origines

Le style Chen aurait été crée par Chen Wangting (1600 - 1680), commandant des forces de garnisons du comté de Wen Xian au village de Chenjiagou (province du Henan en Chine).
Il est généralement reconnu que le taijiquan style chen est le grand frère de tous les autres styles (Yang, Wu, Hao, Li, ...). Yang Luchan, créateur du style Yang, apprit le taijiquan auprès de Chen Zhangxing, héritié de Chen Wangting.

La spécificité du Taijiquan style Chen porte sur l'exécution de mouvements fluides et circulaires permettant la transmission de la force interne et non la force physique dans ses différentes applications. Les mouvements d'enroulement et de déroulement en spirales caractérisent le style Chen, qui sont nettement plus marqué que dans le style Yang.

La pratique :

On distingue 2 enchainements traditionnels :

-Le Di yi lu (en 74 mouvements) :
Dans cet enchainement on distingue l’ancienne forme (lao jia) et la nouvelle forme (xin jia) crée par Chen Fake (contemporain .de Yan chen Fu)

-Le er lu paochui (poing canon) qui est une forme explosive, qui montre vraiment l’aspect martial du taijiquan.


enfant de 12 ans réalisant une magnifique prestation de taiji Chen


Il existe également de nombreuses formes de synthèse généralement conçues pour la compétition ou comme élément pédagogique (créés par certains maîtres contemporains comme Wang Xi'an, Chen Zheng Lei, Chen Xiao Wang…).

Tout comme dans les autres styles on retrouve la pratique des divers tuishous, la pratique des armes (épée, sabre, bâton, ...), ainsi que le sanshou.

zhanzhuang : posture statique

La posture statique est la pratique reine du qigong, et le fondement de beaucoup d’art martiaux, en particulier dans le Dachenquan (Yiquan).
Il existe beaucoup de postures statiques, certaines spécifiques pour la santé et d’autre avec une orientation plus martial, mais toutes ont plus ou moins le même but, trouver la détente dans l’immobilité, l’unicité du corps, l’harmonisation du corps et de l’esprit et renforcer l’organisme.
Cette pratique est longtemps restée dans la confidentialité des écoles d’arts martiaux, mais les aspects bénéfiques sur la santé en ont fait qu’elle est maintenant enseignée dans les hôpitaux et est devenue une pratique « d’intérêt publique » en chine.

La posture : zhanzhuang classique

- Debout pieds parallèles, légèrement ouvert, écartés de la largeur des épaules.
- Genoux légèrement fléchis, (le genou ne doit pas dépasser le bout du pied).
- on relâche les lombes, ce qui fait naturellement faire une légère rétroversion du bassin.
- On rentre un peu le menton afin d’étirer légèrement les cervicales, avec la sensation que le sommet de la tête pousse vers le ciel.
- Les mains se placent face à l’abdomen, mains légèrement tournées vers le ciel (ou les mains face à la poitrine à hauteur d’épaule) épaules relâchées et coudes dirigés vers le bas, Comme si vous teniez un gros ballon.
- On détend l’abdomen.

En relâchant les lombes et en poussant le ciel avec la tête, la posture incite à un étirement et alignement de la colonne vertébrale.

Dans la posture les muscles ne doivent pas être contractés mais détendus, comme si la chair reposée sur les os. Le maintient de la posture repose plus sur la structure osseuse que sur la force musculaire. A chaque expiration vous pouvez imaginer les relâchements musculaires, envoyez l’idée de détente dans les muscles et dans les articulations (en particulier au niveau des épaules et de la poitrine). Mais attention détente de ne veux pas dire déstructuré, il faut trouver le juste milieu entre tension et relâchement.

Pour faciliter l’idée de détente vous pouvez aussi vous imaginez le corps baignant dans l’eau, le poids du corps se faisant plus léger, sentir le contact et le mouvement de celle-ci autour du corps, entre les doigts...
Bref l’idée générale est de se détendre (physiquement et mentalement) dans une posture immobile sans déstructurer le corps, l’esprit présent au corps au travers le travail de visualisation et de relâchement.

Il existe plusieurs études cliniques concernant les effets de cette pratique. Ils constatent une bonne oxygénation, une circulation accrue du sang, une détente nerveuse, un renforcement du système immunitaire et du muscle cardiaque...

Personnellement je pratique cette posture quotidiennement, au début je trouvais cela pas très palpitant, fastidieux même, j’avais un peu de mal à me détendre dans cette posture, mais petit à petit, la détente c’est installée la structure c’est mise en place, et maintenant c’est devenu un réel plaisir.

Je vous conseil de pratiquer régulièrement. Commencez à vous installer dans la posture pendant 3 à 5 minutes pas plus, puis petit à petit augmentez la durée. Mais n’oubliez pas que l’important c’est de se faire plaisir, il vaut mieux 5 minutes, détendu, ou vous vous sentez bien, que 20 minutes tendu parce que vous voulez absolument tenir.
Ne tenez pas la posture, mais installez vous dans la posture comme vous vous installeriez dans votre fauteuil pour un moment agréable de lecture. Ce ne doit pas être une épreuve de force. Et vous verrez naturellement, au bout de quelque temps, avec un peu de patience et de persévérance vous resterez 20 minutes debout, immobile sans vous en rendre compte.

Dans son ouvrage "xiquan yi de", Wang Xiangzhai, grand maître d’art martial et créateur du yiquan a écrit :

«Dans l’art martial, la santé est primordiale. Ensuite vient l’autodéfense.
La pratique du zhanzhuang peut aider nombreuses personnes souffrant de maladies chroniques et qui ne parviennent pas à se faire traiter de manière correcte par la médecine classique. Grâce aux exercices, on peut parvenir à rester valide et apte à travailler jusqu’à un âge avancé. C’est une des valeurs de l’art martial. Ce genre d’exercice peut être décrit comme une façon de « se reposer en s’entraînant ou de s’entraîner pendant le repos ».
[...]
« Ce genre d’exercice est très facile à apprendre. Rien qu’en le voyant faire, on peut déjà en connaître les grandes lignes. Les résultats viennent aussi très rapidement. Mais il ne faut pas trop « forcer » mentalement ou physiquement. De la sorte, on peut développer de bonnes habitudes, utiles dans la vie courante car permettant d’agir de manière plus efficace. Cet exercice est bon pour le corps et pour l’esprit. En revanche, en recherchant des mouvements complexes ainsi que la force, on n’obtiendra aucun résultat. »


Pour plus de détail je vous invite à faire un tour sur la page suivante http://www.yiquan78.org/postures.htm.

Poème

Faire l'expérience de zazen
C’est faire l'expérience de notre liberté profonde
« perdre, c'est gagner » dit le zen.
Est-ce perdre son temps que d'aller s'asseoir immobile, sans rien faire ?
Perdre, oui ses repères, ses certitudes, soi même,

Cette recherche incessante et sans espoir de sécurité,
quand, en nous et autour de nous, tout n'est que mouvement.
Lâcher prise, perdre, tout obtenir : sortir de nos limites, lâcher la peur.
L'armure tombe; allégresse des premiers rayons de soleil sur la peau.
Assis au cœur du silence, accepter le changement et entré dans la joie.

J'ai perdu cette petit chose qu'on appelle « moi »
Et je suis devenu l'activité du monde immense...


Muso Soseki

Méditer pour quoi faire ?

Cela fait une bonne dizaine d'années que je pratique et à chaque retraire que je fais à un moment ou un autre j'ai toujours cette question qui me traverse l'esprit « Mais qu'est-ce que je fais là ? ».
Pourquoi je fais ça, je serais tellement mieux à dormir sous la couette, à quoi est-ce que ça sert ? Qu'est ce que cela m'apporte ?

Peut être à nous découvrir.
Dogen, Grand maître japonais qui importa le zen au Japon, dit « Le bouddhisme c'est s'étudier soit même. ». On dit aussi « Connais toi toi-même et tu connaîtras l'univers et les dieux. ».
Je pense que zazen peut nous permettre de prendre contact avec notre vraie nature. Mieux nous connaître. Nous voir et nous accepter tel que nous sommes au delà de notre jugement personnel.

Peut être à être vivant. Réellement vivant :
La vie existe uniquement dans le présent, dans l'instant. Le passé n'existe plus, le futur n'existe pas. Le passé et le futur ne sont que des concepts mentaux. Lorsque notre esprit se perd dans les souvenirs, les regrets, la nostalgie, ou dans des projets, les peurs et les angoisses, bref se perd dans les pensées tout simplement, nous ne sommes « qu'un être qui traine son cadavre derrière lui » comme le dit si bien Albert Camus dans l'étranger. Nous ne sommes pas présent à notre activité du moment, nous ne sommes pas dans notre corps, nous sommes en quelque sorte à « côté de nos pompes». Nous ne sommes pas réellement vivants. Grâce à la méditation, à l'effort d'attention à ce qui se passe dans l'instant, mais aussi présent dans notre activité quotidienne, petit à petit nous revenons naturellement au présent, nous reprenons contact avec la vie, nous sommes donc réellement vivants. Lorsque nous mangeons, nous mangeons, lorsque nous balayons, nous balayons. Nous sommes plus centrés avec toutes les conséquences positives que cela génère.

Peut être que c'est simplement cela l'éveil, être juste vivant :
On pense souvent que la méditation, dans le bouddhisme, permet d'atteindre l'éveil.
Dans la tradition Zen (et peut être dans les autres je pense), il n'y a pas de différence entre pratique et éveil. La pratique ne permet pas d'atteindre l'éveil mais la pratique est éveil. Peut être que l'éveil c'est simplement cela, être présent à la vie, faire ce que nous avons à faire dans l'instant. Etre éveillé c'est peut être simplement être vivant au milieu et avec toute l'activité de l'univers.

D’une manière générale la pratique de la méditation, apaise le mental, calme les émotions, permet de mieux se centrer, d'être plus présent à soi même et donc aux autres. Elle renforce la concentration, la persévérance, la patience. Par le travail d’étirement de la colonne elle peut soulager les problèmes de dos, ... bref comme toutes les pratiques qui recentrent l’être (Qigong, Yoga, Sophrologie, ...) la méditation peut apporter un mieux être.
Mais dans le zen on dit que l'on ne doit rien attendre de la pratique, que l'on doit pratiquer sans but ni esprit de profit. Dans un des textes fondateurs du courant zen, il est dit « Ne prenez parti ni pour ni contre. Arrêtez tous les mouvements de l'esprit conscient, Ne jugez pas des pensées et des perspectives. N'ayez aucun désir de devenir un Bouddha ». Même pour un moine bouddhiste on lui demande ne de pas chercher à atteindre l’éveil.
Même si au début nous pratiquons inévitablement pour récolter les fruits de notre pratique, c’est humain, mais à un moment il faut lâcher aussi cette idée de récolte, d’obtention de quelque chose, au risque d’être très déçu et d’abandonner cette pratique. La méditation n'apporte rien, elle nous fait plutôt perdre, lâcher prise, lâcher notre petit « je » pour faire apparaître notre véritable nature. C'est abandonner l'idée de devenir quelque chose pour être vraiment.
On doit simplement s'asseoir. C'est assez difficile d'imaginer une activité totalement dénuée de profit, ce n'est pas tellement dans l'esprit de notre société actuelle. Mais à force de pratiquer et de confiance dans cette activité on ne se pose plus trop la question. Le but devient « le faire », le but est le chemin, et on ne s'assoie plus pour, mais on s'assoie et pi c'est tout.

Juste faire

L'esprit de méditation ne commence pas au premier son de cloche et ne s'arrête pas au dernier son de cloche. Cet état d'attention peut être gardé pendant toutes les activités de la journée.
Manger, balayer, marcher, aller aux toilettes. Toutes ces activités font aussi partie du joyeux bordel de la vie, cela en est aussi une expression.
Il y'a un adage Zen qui dit « Quand tu manges, manges, quand tu fais la vaisselle, fais la vaisselle, quand tu balayes, balayes. ». Ceci semble une évidence. Mais ne nous arrive t'il pas souvent de faire une chose et de penser à une autre chose. De manger en ruminant nos problèmes du boulot ou en regardant la télé. Que mangeons-nous vraiment dans cet instant ? Notre corps mange mais notre esprit mastique nos problèmes, ingurgite les nouvelles du journal télévisé. Nous ne mangeons pas réellement. Lorsque nous mangeons nous ne mangeons pas vraiment. Nous ne somme pas dans l'instant du manger. Nous ne sommes pas présents à nous même. Nous ne sommes pas réellement vivant.

Il y a quelque temps en sortant du travail, Je monte sur mon vélo et rentre chez moi. A peine quelque temps après je me rends compte que mon esprit était déjà arrivé chez moi en train de préparer à manger. Pourquoi ne pas apprécier l'instant de cette balade à vélo entre le travail à chez moi ? Ayant pris conscience de cet état de fait je suis revenu dans l'instant. Présent à mon activité de faire du vélo. Et là je faisais vraiment du vélo. Je ne rentrais plus chez moi pour manger. Je faisais juste du vélo et ce fut une formidable expérience que de simplement faire du vélo.

L'instant de la méditation n'est pas plus important que l'instant ou l'on fait la vaisselle. En méditation on se consume totalement dans notre action d'être assis, on est complètement assis en corps et en esprit, dans les actions du quotidien on est aussi totalement dans notre action en corps et en esprit. Lorsque l'on mange on mange avec notre corps et notre esprit. On se consume totalement dans l'action, On fait entièrement ce que l'on doit faire dans l'ici et maintenant.
En fait on pourrait dire, que l'on fait la méditation de la vaisselle, la méditation du ménage, la méditation du vélo...

Bien sûr, il est plus facile de garder cette esprit dans le cadre d'une retraire, ou le silence, le calme régnent et que nous n'avons rien d'autre à faire de particulier. Dans la vie de tous les jours, où nous sommes sollicités sans arrêt, cet état d'esprit demande beaucoup plus d'effort, mais ce n'est pas impossible. Par exemple, maintenant, fermez cette article, aller dans la cuisine en étant présent dans votre marche. Servez vous un thé ou une bière, soyez conscient de votre action d'ouvrir le frigo. Assayez vous, et buvez votre boisson. Soyez présent au contact du liquide sur votre langue, au sensation de chaleur, aux saveurs..., voilà vous étes juste en train de boire, mais vous le buvez vraiment. Ensuite vous pouvez faire la vaisselle dans ce même état de présence, et vous verrez que faire la vaisselle, ce n'est pas si désagréable que cela, et que ça peut aussi être une formidable expérience... mais bon regarder les autres la faire c’est sympa aussi !

Le joyeux bordel de la vie s'actualise à chaque instant, Sur notre coussin, à table ou aux toilettes. Chaque instant est précieux. Chaque instant est une opportunité de pratique, chaque instant est éveil d'une certaine manière.

Juste s'asseoir

récit d'une session de méditation au travers l'expérience d'une retraire dans la tradition zen.

6h00 – bruit de froissement de robe et de pas sur le plancher.
Je suis assis sur mon zafu face au mur, les cheveux en pétard et la tête encore dans le gaz. Le zazen du matin c’est pour moi le plus dur. Mon corps n’est pas encore tout à fait réveillé. Je me mets en position du lotus tant bien que mal pour avoir une bonne stabilité, la main gauche dans la main droite posée sur les cuisses. Les pouces se rejoignent avec un léger contact. Je pose une présence tranquille sur ce corps qui aimerait bien retourner sous la couette. Je fais attention à ce que ma colonne vertébrale soit bien droite, en poussant le ciel avec le sommet du crane et en rentrant légèrement le menton. A chaque respiration je vérifie que mes épaules, les muscles autour de la colonne, mes bras soient sans tension tout en gardant la colonne droite. Je détends les muscles de mes cuisses. Je suis vigilant à garder un contact léger entre les deux pouces. Je sens l’air frais qui rentre et qui sort par mes narines. J’expire tranquillement, doucement sans bruit, mes poumons se vident et mon abdomen se dégonfle. A la fin de mon expiration, j’inspire naturellement sans aucun effort. Voilà, je suis juste assis simplement, je continue à garder une présence tranquille sur mon corps et sur ma respiration. Mon corps est assis et mon esprit est tout entier assis avec ce corps, je fais l’effort de rester assis dans ce corps.

Le ventre de mon voisin gargouille, je me dis qu’il doit avoir faim, j’aimerai bien prendre un petit café avec des croissants, un bon jus d’orange pressé, et deux tartines de confiture; tiens d'ailleurs il va falloir que je rachète de la confiture et un bon rôti pour faire un petit repas avec mes amis le weekend prochain... « oh, Sylvain reviens ! » je m’aperçois que mon esprit était déjà parti déjeuner sans moi, alors je reviens simplement à ma posture et à ma respiration... ... ... petit à petit mon esprit se calme, ma respiration devient plus lente et plus profonde, mon besoin d’inspirer se fait moins pressant.
Le ventre de mon voisin gargouille, je vois la pensée d’un bon café, d’un jus d’orange passer dans mon champ de conscience, je ne la suis pas, je n’essaye pas de l’arrêter non plus, elle disparaît d’elle même. Je voie l’envie, l’espoir que la cloche sonne pour que nous puissions étendre les jambes et aller manger, je vois la douleur du genou qui commence à poindre son nez, je les vois naître, passer et disparaître.
J’entends le silence du dojo au travers les chants d’oiseaux qui se réveillent, je sens le soleil qui se lève et qui vient me réchauffer le dos, Je suis assis là, j'accueille tout ce qui vient je ne refuse rien et je ne poursuis rien. Je suis juste présent au joyeux bordel de la vie, présent à la réalité sans y apporter le moindre jugement. Et si mon esprit vient à suivre le flot des pensées discursives, dès que je m'en aperçois , je reviens à la posture, je reviens simplement m’assoir dans la réalité de l’ici et maintenant.

Ding ! ... Ding !

La cloche sonne. On salue les mains jointes. Je me lève, pour faire Kinhin, la méditation marchée. Le menton rentré, la colonne bien droite comme en zazen, J’avance au rythme de ma respiration. j'inspire et je lève le pied, j’expire et je pose le pied. Ma respiration est en harmonie avec chacun de mes pas. Mon esprit est présent à ce qui se passe. J’observe mentalement le contact de mon pied sur le sol froid du dojo, le déroulement du pied, les points d'appuis. Je vois là aussi la pensée de plaisir de pouvoir étendre les jambes après être resté assis trois quarts d’heure. Nous continuons tous à marcher lentement ainsi autour du dojo, présent à notre action de marcher, pendant dix minutes.
Ding ! Ding ! la cloche sonne à nouveau. Nous retournons nous asseoir sur notre zafu. Froissement de robe.

Ding ! Ding ! Ding! la cloche sonne pour marquer le début du deuxième Zazen.
Je repose mon attention sur mon corps et sur ma respiration, j’inspire, j’expire, j’inspire j’expire. Mes yeux sont lourds, je sens la torpeur m’envahir, je pique du nez plusieurs fois. C’est dur de résister au sommeil... que c’est bon de se laisser aller dans les bras de Morphée. J’abandonne, j’accepte ce que je suis sur l’instant, je ferme les yeux, je m’abandonne à la rêverie, je fais le somme du cowboy discrètement pour ne pas déranger les autres.

Dire qu’il y en a qui pensent que la méditation c’est cool, tranquille et relaxant. On voit bien qu’ils n’ont jamais fait une retraire ! Ce n'est pas si zen que ça... J’en ai vu certains pleurer, d’autres abandonner en plein milieu. Ce n’est pas toujours facile de se retrouver dans le silence face à face avec soi même.
La méditation ce n’est pas un truc de relaxation, ça ne permet pas de s’envoler dans une bulle de joie et de s’échapper quelques temps de nos problèmes. Bien au contraire. On est bien ancré sur terre, présent à la réalité tel quelle est, on ne se réfugie pas derrière nos petites illusions. En laissant l’esprit au repos, On voit les choses telles qu'elles sont. Comme dirait Maitre Deshimaru « le zen ce n’est pas du Gâteau ». Si certains pensent qu’en méditant ils vont voir la vierge et baigner dans une lumière de béatitude dégoulinante d’amour, je pense qu’ils vont être très déçus.
Oui je sais ce n’est pas un tableau super attractif que je fais de la méditation. Mais dans certains livres commerciaux on vous présente une pratique merveilleuse accolée au mot « bien-être », « joie » et « paix ». C’est effectivement une pratique merveilleuse, on en retire forcement des bienfaits, conscients ou inconscients, mais pour en arriver là il faut comprendre que la méditation c’est aussi une discipline, cela demande un effort, un esprit de répétition, de la persévérance et de la patience. Ce n’est pas facile, oui aussi paradoxale que cela puisse paraître, simplement s’assoir ce n’est pas si simple. Ce n’est pas comme dans les livres... Rapidement on se rend très vite compte que le corps, la respiration et le mental peuvent être source de confusion et de difficultés en tout genre. On se sent tordu, on a mal aux genoux, la respiration est hachée le mental constamment en mouvement, on se demande ce que l’on fait là. Il faut un peu de temps et une pratique régulière pour commencer à sentir la stabilité mentale et physique. Au fur et à mesure de la pratique les perturbations du mental vont se calmer, la respiration se fera plus profonde et le corps sera plus stable, on a moins envie de bouger. Mais un esprit calme n’est pas la finalité de la méditation bouddhiste, c’est juste la porte d’entrée...

Ding, Ding, Ding...

La cloche me réveille. Je m’en veux de ne pas avoir bien médité. Mais ce n’est pas grave, les instants s'enchainent, je me lève, nous refaisons la méditation marchée pendant 10 minutes. La main droite enveloppe la main gauche sur le plexus solaire Je fais l’effort de revenir à mon corps, à la présence dans chacun de mes pas. Pour m’aider j’harmonise ma respiration à mon pas. Voilà je suis là.

Ding, Ding,...

Froissement de robes.

Ding Ding, ding

Je m’assois, jambes croisées en demi-lotus, main gauche dans main droite avec un léger contact entre les 2 pouces. La colonne vertébrale tendue je pousse le ciel avec la tête, je tends la nuque en rentrant le menton, je sens le contact frais de mes pouces. Je fais l’effort d’être constamment présent à la posture et à la respiration. L’air qui rentre, l’air qui sort, l’air qui descend sous le nombril. Je suis présent au gargouillis de mon voisin, je suis présent a la sensation de chaleur agréable dans mon dos, je suis présent à la douleur de mon genou, je suis présent aux pensées de café croissant, je ne les suis pas et je ne les arrête pas. J’accepte tout et ne garde rien. Le flux des pensées s'apaise, tout s'apaise, Je suis juste là présent, vivant.


Ding !, Ding !

Je salue et je me réjouis de me dégourdir les jambes et d’aller manger.

Voilà, en résumé la méditation ce n'est rien d'exceptionnel, Vous ne verrez pas bouddha vous parler dans une douce lumière et paisible, vous n'allez pas vous envoler dans d'autres sphères. Ce n'est pas non plus une méthode particulière. C'est juste s'asseoir en étant présent dans l'ici et maintenant. Ce n'est pas un exercice de concentration, c'est plus un état d'attention de présence tranquille à chaque instant dans lequel on accueille tout ce qui vient et dans lequel on ne cherche pas à saisir quelque chose.
On ne dirige pas le mental comme on peut dans certaine méditation ou dans le qigong, pour suggérer un état de bien être. Non, on le laisse comme il est, on ne fait rien de particulier sinon que de rester présent dans l'instant. On s'assoit, sans chercher autre chose que de s'asseoir totalement en corps et en esprit et c'est tout.

Le Tuishou

Le tuishou (la poussée des mains) est un entrainement commun à beaucoup d’arts martiaux internes et externes (Taijiquan, Baguazhang, Xingyiquan, Yiquan, Win chun, ...) chacun le travaillant dans les formes de son style. Il se pratique à 2, face à face, les mains ou les avant bras en contact. Et tout au long de la pratique, quelque soit la forme, il faut toujours adhérer à son adversaire, ne jamais perdre le contact.

tuishou du Taijiquan Yang codifié et libre


En taijiquan on distingue 4 types de tuishou. A une main, A deux mains, en pas fixe et en déplacement. Sous forme de travail codifié, semi libre ou libre, il permet d’aborder les 8 principes (8 portes), le plein et le vide, l’utilisation de « la force souple », l’écoute intuitive, la neutralisation et la déviation de la force. C’est un très bon éducatif de l’approche des fondements martiaux du taijiquan et en plus c’est vraiment très agréable à pratiquer, on se laisse vite prendre au jeu.

belle démonstration de tuishou


Le Taijiquan style yang

Yang LuchanAu début du 19ième siècle, le taijiquan été transmis uniquement aux membres de la famille Chen, aucun étranger n’était accepté comme disciple. Mais la légende raconte que Yang Luchan (1799-1872), qui devait certainement avoir déjà un bon bagage martial, réussi à se faire engager comme domestique dans la famille Chen , ainsi il épiait les cours le jour et s’entrainait la nuit. Un jour le maître Chen Changxing (1771-1853) s’en aperçu mais surpris par l’habilité du garçon il l’accepta comme disciple. Yang Luchan devin très vite un redoutable adversaire (A cette époque le taijiquan était abordé uniquement dans un but d’efficacité martiale) à tel point qu’on le surnomma Yang l’invincible.
Fort de cette expérience dans la famille Chen et de diverses rencontres et confrontations, il créa son propre style. Sa réputation arriva aux oreilles de l'empereur qui lui ordonna d'entrainer son armée à Pékin.

Yang Luchan transmis son savoir à ses enfants, Yang Jian Hou (1839-1917) et Yang Ban Hou,Yang Jian Hou le transmis à ses enfants Yang Chen Fu et Yang Shao Hou.
Au cours des générations le style yang évolua, chaque maître y ajoutant son expérience et les influences de l’époque pour aboutir au taijiquan Yang actuel au geste ample, la plus répandu à travers le monde. Chaque descendant y ayant mis sa patte personnelle le style Yang de Yang Chen Fu (1883-1936) et de Yang Ban Hou diffère quelque peu.

2ième partie de la forme Yang par Tung Hun ling
Magnifique


L'école Yang est issue du style Chen (Lao Jia : vieille forme). Ses mouvements sont tranquilles, réguliers, semblables au flot d'une rivière, ou au vol des nuages, au contraire du style Chen qui fait alterner des mouvements lents et vifs, des actions retenues ou vigoureuses. Le style Yang est sobre et simple, les mouvements suivent toujours un modèle circulaire aux spirales subtiles. Les mouvements sont naturellement associés à une respiration profonde qui prend racine dans le bas du ventre. Le style Yang associe la douceur à l'énergie vigoureuse chaque mouvement de la forme incluant les techniques de défense et de contre attaque.

La forme traditionnelle Yang est le taolu de 108 mouvements, décomposé en 3 parties : Terre, Homme, Ciel. Il existe aussi un taolu en 24 mouvements dit forme de Pekin, et d’autres formes de compétition ou d’apprentissage (10, 16, 48)
Bien que le style Yang soit plus considéré comme une Gym douce par nos contemporains (beaucoup se contente de la forme lente), il n’en reste pas moins un art martial qui ne demande qu’à être apprécié à sa juste valeur. Ainsi comme dans tous les styles nous retrouvons les tuishous, la pratique des armes et les formes rapides (paochui) et les formes de combat codifié.

Pour en savoir plus sur l'histoire et l'évolution du style Yang je vous invite à lire l'article suivant Le style yang les différentes écoles sur l'excellent site de José Carmona.

Le qigong

Qi gong est un ensemble de pratiques énergétiques variées qui prend ses racines dans la tradition chinoise, visant à « nourrir et entretenir la vie » au travers une harmonisation des énergies du corps et de l’esprit. Les fondements de cette énergétique sont ceux de la médecine chinoise et de l’acuponcture.

La pratique du Qi gong repose sur des mouvements souples et naturels, sur un travail postural, des exercices respiratoires et de mobilisation du souffle, ainsi que des exercices de concentrations et de détentes.

Ces différents exercices vont faire circuler l’énergie dans le corps et maintenir ou réparer l’équilibre entre les énergies des différents organes. Il aide chacun à entretenir sa santé et sa vitalité par une pratique corporelle et respiratoire, et à trouver la détente et le calme mental nécessaire à un bon équilibre physique et psychique.

Ce travail de souffle, de placement corporel et de détente fait aussi du Qi gong une bonne préparation aux différentes disciplines sportives et martiales.

Le taijiquan

Le taijiquan est un art martial chinois qui traditionnellement appartient au style interne (qui privilégie une force souple à la force musculaire brute).
« Quan » signifie boxe, poing
« Taiji » est un concept purement chinois que l’on traduit par « fait suprême » et que vous connaissez tous plus ou moins sous le symbole du Yin et Yang.
On peut donc traduire Taijiquan par « boxe du fait suprême », certainement dû à la perpétuelle alternance entre plein et vide dans les mouvements et les pas.

Les origines
La légende raconte que le taijiquan aurait été crée par un ermite taoiste du mont Wudang, Zhang Sanfeng, vers 1200 à la fin de la dynastie Song, inspiré par le combat d’une grue et d’un serpent. Il compris alors que la souplesse et la fluidité pouvaient vaincre la force et la rigidité. Mais on peut dire que l’on commence vraiment à parler de taijiquan vers 1600 au sein de la famille Chen dans le village de Chenjiagou berceau du taijiquan du style chen (encore de nos jours) et de tous les styles de taijiquan.

Les styles :
Le taijiquan au cours de son histoire, sous l’influence d’artistes martiaux charismatiques, c’est divisé en différentes courants. Elles partent toutes d’un tronc commun, avec des principes commun, mais chaque branche a développé un style qui lui est propre.
- Le style Chen (Chen Wangting): Se pratique assez bas avec des gestes amples, une spirale dans les mouvements très marqué.
- Le style Yang (Yang Luchan): Des gestes amples et ronds, les spirales sont moins marquées que dans le style Chen
- Le style Wu (Wu Jianquan): Issu du style Yang, les pas sont plus petits et les mouvements d’une ampleur réduite.
- Le style Wu/Hao (Wu Yuxiang): Caractérisé par une ampleur moyenne, et des postures inclinées vers l’avant.
- Le style Sun (Sun Lutang): Ayant subit les influences du xinyiquan ce style à la particularité d’être plus linéaire que les autres.
- et bien d'autres moins connus... Taiji tanglang, Taiji chang, Taiji du serpent, ...

Les principes.
Tous les styles de taijiquan reposent sur des principes communs.
Développer une force souple et élastique au travers un travail de relâchement et de détente dans le mouvement mais aussi d’enracinement. Ce relâchement permet petit à petit obtenir la fluidité et la coordination et ainsi faire participer tout le corps dans la force du mouvement.
Au travers cette enracinement, la détente et la coordination des muscles, l’énergie du coup, part du pied est dirigée par la taille et exprimée dans les mains. Un coup de poing , n’est pas une simple contraction des muscles du bras, mais une participation de tout le corps au travers un profond relâchement.

Tous les styles de taijiquan reposent sur ce que nous appelons les 8 portes. C’est les 8 gestes, les 8 potentiels qui composent toutes les techniques le taijiquan.
Peng --> parer, repousser
Lu --> Tirer, rouler vers l’arrière
Ji --> Presser
An --> Pousser
Cai --> Cueillir, saisir
Lie --> Fendre, Séparer
Zhou --> coup de coude
Kao --> Tamponner avec épaule, hanche, genoux ....

Le taijiquan est conçu pour du combat rapproché et repose sur une stratégie de « coller adhérer » à son adversaire. On adhère à son partenaire pour contrôler ses gestes et profiter d’opportunités, d’ouverture, pour le neutraliser aux moyens des principes (8 portes) et techniques vu dans l’enchainement. C’est par la pratique du tuishou (la poussée des mains) et du relâchement que l’on développe l’écoute et que l’on s’entraine à cette méthode.

L’entrainement.
Le travail en solo représente une grand part de la pratique au début. Elle permet de travailler le relâchement, la structure et la détente, et former le corps à une certaine souplesse. Ce travail se révèle être une merveilleuse pratique de santé. L'entraînement aux exercices de taijiquan est tout d'abord exécuté lentement pour justement percevoir la relâchement et la circulation du mouvement. Ensuite, le pratiquant pourra commencer à accélérer les gestes, et expérimentera la force explosive - d'abord réduits afin d'éviter d'abîmer ses articulations, puis de plus en plus complets. Ce travail se fait au travers de posture statique, d'un enchainement codifié pour aller vers un enchainement libre où on laisse s'exprimer la force dans la liberté et la spontanéité du du mouvement.

Le tuishou, les mains collantes, est un exercice qui se pratique à 2 en adhérent à son partenaire, et dont le but est d'apprendre à écouter le partenaire, à travailler son équilibre, utiliser les 8 portes, les esquives et les déviations des mouvements de l'adversaire sans utiliser la force musculaire.
Les exercices de poussées de mains permettent d'appliquer les principes du Taijiquan avec un partenaire et ceci de manière progressive, et permet d'exprimer la force avec n'importe quelle partie du corps de manière explosive ou en contrôlant simplement par déséquilibre.

Le Sanshou : est un combat codifié à 2, elle permet de travailler les déplacements la justesse du geste, de mettre en application l’aspect martial du taijiquan et d’approcher le combat libre.